Merci Houria, Elhadidi et les autres…
Atlasinfo reprend la chronique de notre consoeur Souad Mekkaoui, rédactrice en chef de « Maroc Diplomatique », consacrée au magnifique travail de toutes ces forces vives du Maroc qui oeuvrent nuit et jour, soit pour soigner, soit pour protéger contre la propagation du coronavirus.
Si Dieu nous prête vie, nous revaudrions cela au coronavirus ! On pourra dire, en dépit du contexte où ce maudit virus nous a plongés dans le chaos, sans crier gare, qu’il n’a pas apporté, dans ses airs, que du mauvais. Grâce à lui, on aura découvert l’autre visage que peut vêtir le treillis ou l’uniforme tout court. Longtemps, nous les avons craints, critiqués, décriés, haïs voire méprisés. Longtemps, nous avons associé leur image à la violence et à l’abus de pouvoir, les catégorisant dans le mot « Makhzen » dans toute sa connotation péjorative qu’on lui attribue depuis qu’on l’a dénudé de son vrai sens. Longtemps, des vidéos et des images de violence, pour la plus part tronquées, ont tourné en boucle, sur les réseaux sociaux faisant perdre la bataille de l’opinion publique aux autorités. Longtemps, la suspicion a creusé son excavation entre citoyens et forces de l’ordre mettant les uns contre les autres, sur le qui-vive. Mais aujourd’hui, au temps du coronavirus, en ce moment de crise où l’inquiétude est à son paroxysme, les forces de l’ordre ont su nous surprendre et nous séduire, nous mettre face à nous-mêmes, face à notre réalité ou à la réalité du Maroc pour nous dire : «Vous vous trompez, le pays a changé. Nous sommes au service du citoyen marocain.»
En effet, c’est un nouveau contrat social qu’on scelle avec les Caïds Houria, Adil, Ilham, El Hadidi et tous les autres qui ont marqué le coup. On les a vus à l’œuvre, on les a vus avec ou sans masques, exposés au danger, courir les rues des villes, mégaphone à la main pour sensibiliser et attirer l’attention des gens sur la menace du Covid-19. On les a découverts enfin ! Ils sont là, dans leur lutte acharnée contre la propagation du virus, pour nous, pour nous protéger contre le mal qui nous guette, pour nous protéger contre nous-mêmes.
Désormais, nous aimons tous la Caïd Houria, qui a marqué de son estampille collectives des Marocains
Désormais, tous les Marocains aiment la Caïd Houria, cette femme spontanée, qui connaît tout le monde, interpelle les habitants chacun par son nom, les supplie, les réprimande pour donner le coup de balai dans les rues qu’elle sillonne comme une fourmi infatigable. De son estampille, elle a marqué la mémoire collective des Marocains, avec son discours terre à terre, direct, dénué de tout artifice, alertant sur un ton d’humour, ses gestes fermes mais humains, ses regards perçants mais maternels.
Au temps du coronavirus, on aura vu un agent de sécurité pleurer, implorant les gens de rester chez eux pour éviter le pire. Du temps du coronavirus, on aura vu un caïd interpeller les subsahariens résidant au Maroc pour les rassurer qu’ils sont chez eux, du temps du coronavirus, on aura vu militaires et agents de sécurité, côte à côte, dans un cérémonial émouvant, scandant l’hymne national, habitants et forces de l’ordre ont fusionné dans un élan d’union, les regards des uns levés vers les fenêtres et les balcons des autres, applaudissant ce moment chargé d’émotion. Au temps du coronavirus, on évalue à sa juste valeur le leadership, sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi, les autorités marocaines sont sur le front pour protéger les citoyens. On aura vu tous les Marocains ou presque, applaudissant et chantant, à l’unisson, de leurs fenêtres l’hymne national. Au temps du coronavirus, on aura vu des forces de l’ordre, femmes et hommes conjurer, pleurer même parce qu’ils ont peur pour des citoyens, qui, quant à eux, sont des fois inconscients de la dangerosité de leurs actes et leur rendent leur mission presqu’impossible. On aura vu des caïds qui n’hésitent pas à distribuer des paniers de nourriture à certaines familles démunies pourvu qu’elles restent chez elles. Du temps du coronavirus, on aura vu un agent de l’autorité négocier et s’engager à payer le loyer à une propriétaire qui a mis dehors sa locataire. Au temps du coronavirus, on aura vu les policiers faire don de leur sang pour leurs concitoyens.
Des citoyens comme les autres
Il est vrai qu’Abdellatif Hammouchi a réussi, en l’espace de quelques années, à révolutionner la police marocaine. D’une police que certains craignaient, il y a encore quelques années, il a mis en œuvre une stratégie courageuse d’ouverture et de proximité menée brillamment. Les Marocains étaient donc agréablement surpris de prendre contact avec une police modernisée, ouverte sur son environnement, proche des citoyens et à leur écoute. Faut-il rappeler que les mots d’ordre dans le rapport entre citoyens et policiers ou forces de l’ordre ont toujours été : violence, ennemis jurés, conflits ? La transformation apportée, aujourd’hui, est palpable. On les voit parler aux citoyens avec beaucoup de tact. Ils sont plus accessibles et plus instruits, plus outillés pour convaincre le peuple sans avoir recours à la violence. Ils font montre de bonne gouvernance sécuritaire pour la consolidation du sentiment de sécurité chez les citoyens.
Le coronavirus nous aura gratifiés de forces de l’ordre au service du peuple. Il nous aura ouvert les yeux sur la dimension humaine et populaire de ce corps de sécurité, jadis, craint et critiqué par la population. Le moins que l’on puisse faire est de reconnaître leurs efforts inlassables et leurs sacrifices considérables, consentis par les femmes et les hommes de ces institutions et saluer leur esprit de mobilisation, de vigilance et de fermeté dont ils font preuve dans l’accomplissement de leurs missions. Le coronavirus aura rétabli la confiance entre les forces de l’ordre et les citoyens mais aussi la confiance et le respect mutuel établis entre cette institution sécuritaire et le Marocain.
Soyons justes et ne leur demandons pas d’être parfaits parce qu’ils sont des êtres humains, des citoyens comme les autres. Il nous faut nous garder d’amalgamer excellence et perfection. Comme chacun de nous, ils sont faillibles et donc sujets à l’erreur, à la peur, au stress et à la fatigue. On est dans un Maroc nouveau, un Maroc où des enquêtes sont ouvertes dès qu’on parle de mauvais traitement d’un policier ou d’un fonctionnaire de l’ordre public à l’égard d’un citoyen.