Maroc/virus: des ONG s’inquiètent des violences conjugales durant le confinement
Une trentaine d’associations marocaines ont exhorté vendredi les autorités à apporter « une réponse d’urgence aux violences faites aux femmes pendant la pandémie de Covid-19 », en hausse selon elles depuis le confinement obligatoire décrété à la mi-mars.
« La maison est le lieu le plus dangereux pour les femmes », rappellent ces ONG dans une lettre adressée à plusieurs ministères.
« Déjà élevé, le taux des violences risque d’augmenter à cause des tensions constatées au sein des foyers, avec des pressions liées à la situation de confinement en famille », qui sont exacerbées par les difficultés économiques, s’inquiètent-elles.
Dans leur lettre, les ONG citent des cas « où les maris abusent du confinement en mettant la pression psychologique et en exerçant la contrainte physique pour forcer leurs femmes à renoncer à leurs droits ».
Il arrive aussi que des maris qui avaient abandonné le domicile conjugal y retournent « pour les besoins du confinement, se vengeant sur leurs femmes et leurs enfants ».
Et si certaines femmes « souffrent de l’insécurité économique causée par la pandémie », leur vulnérabilité financière « entraîne une dépendance accrue vis-à-vis des agresseurs », soulignent encore ces ONG.
Dans ce contexte, « les restrictions de mobilité augmentent la vulnérabilité des victimes de violences, en rendant difficile voire impossible la possibilité d’échapper à une situation dangereuse ».
A cela s’ajoute le risque que les autorités soient « débordées et détournées par la réponse à la pandémie ».
Selon des statistiques officielles, plus d’une femme sur deux a été victime d’une forme de violence au Maroc en 2019.
Une loi contre les violences faites aux femmes est entrée en vigueur en 2018, rendant pour la première fois passible de peines de prison des actes « considérés comme des formes de harcèlement ou de mauvais traitement ».
Le texte est toutefois jugé insuffisant par des associations féministes.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a lancé dimanche un appel mondial à protéger les femmes et jeunes filles « à la maison », alors que le confinement provoqué par la pandémie de Covid-19 exacerbe les violences conjugales dans les familles partout dans le monde.
« Ces dernières semaines, tandis que s’aggravaient les pressions économiques et sociales et que la peur s’installait, le monde a connu une horrible flambée de violences domestiques », a déploré le chef de l’ONU.