Un essai clinique européen pour évaluer quatre traitements expérimentaux contre le Covid-19 a débuté, dimanche en France, a annoncé l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) qui coordonne les recherches.
Baptisé Discovery, cet essai inclut notamment la chloroquine, un traitement contre le paludisme qui a obtenu des résultats prometteurs lors d’une étude menée sur un nombre réduit de patients à Marseille mais qui suscite le débat au sein de la communauté médicale.
Outre la chloroquine, l’essai doit évaluer le remdesivir, le lopinavir en combinaison avec le ritonavir, ce dernier traitement étant associé ou non à l’interféron bêta.
« Nous avons analysé les données issues de la littérature scientifique (…) pour aboutir à une liste de molécules antivirales à tester : le remdesivir, le lopinavir en combinaison avec le ritonavir, ce dernier traitement étant associé ou non à l’interféron bêta, et l’hydroxychloroquine », a expliqué Florence Ader, infectiologue dans le service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital de la Croix-Rousse au CHU, qui pilote l’essai clinique.
« La liste de ces médicaments potentiels est par ailleurs basée sur la liste des traitements expérimentaux classés comme prioritaires par l’Organisation mondiale de la santé », a précisé Florence Ader.
Selon l’Inserm, cet essai sera « adaptatif », c’est-à-dire que les traitements expérimentaux inefficaces pourront être abandonnés au fur et à mesure et remplacés par d’autres molécules. « Nous pourrons donc réagir en temps réel, en cohérence avec les données scientifiques les plus récentes, afin de mettre en évidence le meilleur traitement pour nos malades », a expliqué Florence Ader.
Selon l’Inserm, l’essai inclura au moins 800 patients français atteints de formes sévères de la maladie. Il sera conduit dans cinq hôpitaux français (Paris-hôpital Bichat-AP-HP, Lille, Nantes, Strasbourg, Lyon), avant d’être progressivement étendue à plusieurs dizaines de centres.
Au total, quelque 3.200 patients européens seront inclus dans cette étude qui associe la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Espagne.
Les données obtenues seront partagées avec un autre essai international baptisé Solidarity qui sera conduit sous l’égide de l’Organisation mondiale de la Santé.
Selon l’infectiologue Jad Ghosn, qui supervisera l’essai à l’hôpital Bichat, dans le nord de Paris, les patients seront répartis en cinq groupes : un groupe placebo traité pour les symptômes uniquement, un groupe pour tester l’efficacité d’un médicament anti-VIH (le Kaletra), un autre qui l’associera à de l’interféron bêta pour moduler la réponse immunitaire, un quatrième pour vérifier l’effet d’un antiviral développé contre le virus Ebola (le remdesivir). Le cinquième accédera à la chloroquine, à compter de vendredi prochain.
Selon les médias français, plusieurs centaines de patients seront intégrés « par vagues successives », en France mais aussi en Italie et en Espagne notamment. Les résultats pourraient être connus dans moins de six semaines.
Ce dimanche, le ministre français de la Santé Olivier Véran a appelé à la prudence, face aux voix appelant à utiliser la chloroquine pour lutter contre le coronavirus, rappelant que les espoirs suscités par des traitements avaient parfois été déçus.
« Ce traitement s’il devait être efficace, nous le proposerions aux Français sans aucun délai », a déclaré le ministre sur LCI, ajoutant que plusieurs patients traités dans des hôpitaux français étaient en train de l’expérimenter. « D’ici à 15 jours, nous devrions avoir des données consolidées, a-t-il indiqué.