Inauguré en 2007 et situé à quelques encablures du détroit de Gibraltar, le complexe portuaire qui dessert à ce jour 174 destinations dans le monde a manutentionné l’an dernier 51,3 millions de tonnes de marchandises et géré 3,3 millions de conteneurs.
Créé à la même époque, le parc industriel adossé au port, en zone franche, « se développe et crée de plus en plus en plus d’emplois », à un rythme qui « dépasse les attentes », se félicite Jaafar Mrhardy, le directeur général de « Tanger Med zone ».
On compte désormais 750 entreprises -surtout automobile, mais aussi textile, électronique, aéronautique, logistique, agro-alimentaire- et 70.000 emplois pour un chiffre d’affaires de 5,5 milliards d’euros en 2017, selon Tanger Med.
Et ce n’est pas fini. L’ouverture de l’extension de Tanger Med II permettra de tripler la capacité conteneurs à partir de 2019, avec l’ambition de devenir le premier port de Méditerranée.
Jaafar Mrhardy est confiant : « l’idée est d’avoir un rôle plus important vers l’Afrique : le Maroc a investi à contre-cycle du secteur portuaire entre 2008 et 2012, au moment où le marché était en train de se rétrécir et cet investissement nous a donné un coup d’avance ».
– 2,8 millions de voyageurs –
Les engins de chantiers travaillent sur les remblais, trois portiques géants ont déjà été livrés. Malgré le mauvais temps, on distingue de l’autre côté du détroit le port espagnol d’Algésiras.
Sur un des quais de Tanger Med I, une pale éolienne monumentale produite par une unité de Siemens Gamesa, ouverte depuis quelques mois, attend d’être acheminée vers sa destination.
A proximité, des agents de sécurité assistés par un maître-chien contrôlent des voitures à l’embarquement d’un ferry pour l’Italie.
Le terminal passager a accueilli 2,8 millions de voyageurs l’an dernier. « Pendant le pic de saison, on est à 32-33.000 passagers et 8 à 9.000 véhicules par jour », détaille Hassan Abkari, le directeur du pôle passagers. Selon lui, le nouveau port a réduit les temps d’attente et permis de désengorger le centre de Tanger.
Près de 290.000 poids-lourds de transport routier international ont transité par Tanger Med l’an dernier, via la bretelle d’autoroute qui contourne la ville située à une cinquantaine de kilomètres. Jour et nuit, des rondes de camions relient les quais du complexe portuaire, les entrepôts de stockage et les entreprises de la zone industrielle.
Les ateliers de confection de « Still Nua Fashion », installés dans une des allées de la zone franche, reçoivent ainsi des conteneurs de tissus en provenance de Chine et de Turquie. Les modèles conçus en Irlande sont coupés et cousus ici, puis expédiées aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.
« On est dans le +fast-fashion+, avec des délais de livraison très courts, la proximité du port est cruciale », explique Naoual El-Mlih, l’énergique directrice de Still Nua.
– "Compétitivité" –
« Le temps, c’est de l’argent : avant pour rallier Hambourg, il fallait trois semaines, maintenant c’est dix à 12 jours. Les connexions sont directes, on peut recevoir ou faire sortir un conteneur en moins de 24 heures », renchérit Mohamed Ali Enneifer.
Arrivé sur le site au début des travaux d’aménagement, ce Tunisien vient d’être recruté pour diriger la nouvelle unité d’Acome, une entreprise française spécialisée dans la production de câbles.
Pour lui, l’arrivée annoncée du constructeur automobile chinois BYD, qui doit ouvrir une usine de véhicules électriques d’ici 2025 dans un parc industriel 100% chinois, est une « excellente nouvelle ».
« On se positionne comme un pays +best cost+, avec proximité des marchés européens et coûts très compétitifs, ce qui favorise la compétitivité et la profitabilité », argumente Jaafar Mrhady.
Le groupe français Renault, qui a choisi de s’installer là dès 2012, a exporté l’an dernier plus de 300.000 voitures dans les 74 pays desservis par le port.
« L’an prochain, on va exporter toutes les voitures de la nouvelle usine Peugeot qui arriveront en train de Kénitra », à environ 200 km au sud, soit « 150.000 véhicules supplémentaires en 2019-2020 », se réjouit Rachid Houari, du pôle portuaire.
Au-delà des facilités logistiques ou douanières offerte par la zone franche, le coût de la main-d’oeuvre Marocaine est un atout majeur.
« La société mère en Irlande emploie 75 personnes, avec un coût de revient sensiblement égal à celui de notre unité qui compte 400 salariés », détaille sans complexe la directrice de l’atelier « Still Nua Fashion ». Prochaine étape : la délocalisation du design, qui se fait encore à Dublin.