"De notre point de vue, il faut être attentif à ce qui se passe en particulier aux Etats-Unis", a déclaré la directrice du FMI dans une interview accordée à la radio France Inter. Elle était interrogée sur les récentes chutes des marchés, qu’elle a présentées comme une correction "inévitable".
Elle a évoqué une réforme fiscale "qui va opérer comme une espèce de stimulus sur la situation économique aujourd’hui" des Etats-Unis, qui connaissent déjà une croissance "forte", à un moment où les marchés craignent un retour de l’inflation qui provoquerait une hausse des taux.
"On peut se demander si ça ne va pas effectivement entraîner une augmentation des salaires, une augmentation des prix, donc de l’inflation, et si, en conséquence, on ne risque pas d’avoir une réaction des autorités monétaires, notamment sous forme d’augmentation un peu plus rapide ou un peu plus fréquente des taux, qui entraînerait (…) des effets sur l’ensemble des économies du monde, notamment sur les économies fortement endettées", a-t-elle prévenu.
Mme Lagarde a toutefois refusé de comparer la situation actuelle avec celle qui a précédé la faillite de la banque Lehman Brothers il y a bientôt dix ans. "On n’est pas du tout dans une situation de pré-crise majeure comme on l’a été en 2008", a-t-elle assuré.
Le Congrès a approuvé à la mi-décembre une réforme fiscale qui va faire tomber le taux d’imposition des entreprises de 35% à 21% aux Etats-Unis.
A la mi-janvier à Davos, le FMI avait anticipé un impact positif à court terme de la réforme fiscale américaine et avait même relevé sa prévision de croissance pour les Etats-Unis de 0,6 point de pourcentage à 2,5% pour cette année.
La patronne du FMI a par ailleurs été interrogée sur l’essor des monnaies virtuelles comme le Bitcoin, dans un entretien distinct au quotidien français Le Figaro paru samedi.
Ces dernières "ne modifient certainement pas aujourd’hui en profondeur les mécanismes de confiance qui existent entre des monnaies établies de longue date", juge-t-elle.
"Pour autant, il ne faut pas considérer ce mouvement comme négligeable. La transparence doit être un impératif. Il ne suffit pas que les transactions soient parfaitement traçables, encore faut-il que l’on sache qui les réalise", ajoute Christine Lagarde.
Le président français Emmanuel Macron avait plaidé, lors du forum économique mondial de Davos (Suisse) en janvier, pour étendre le mandat du FMI à la surveillance d’activités financières qui échappent aujourd’hui largement à la régulation, comme les cryptomonnaies.
Mme Lagarde juge pour sa part qu’un changement formel de mandat du FMI prendrait trop de temps.
"Je pense que ce qu’Emmanuel Macron avait à l’esprit (…) était d’utiliser notre mandat de garant de stabilité financière pour examiner dans quelle mesure tous ces acteurs ou ces innovations – fintechs, cryptomonnaies, intelligence artificielle – peuvent la perturber", explique-t-elle.
"Nous avons d’ailleurs commencé ces analyses. Je pense que le FMI a toute sa place pour jouer un rôle, aux côtés du Fonds de stabilité financière (FSB)", conclut-elle. (afp)