Le roi de Jordanie exprime à Pence son « inquiétude » au sujet de Jérusalem
Le roi Abdallah II de Jordanie a exprimé dimanche son « inquiétude » au sujet de la décision controversée des Etats-Unis de reconnaître Jérusalem capitale d’Israël, en recevant à Amman le vice-président américain Mike Pence en tournée au Proche-Orient.
"Jérusalem est cruciale pour les musulmans et les chrétiens, comme elle l’est pour les juifs", a dit le roi Abdallah II, un allié clé des Etats-Unis et dont le pays est le gardien des lieux saints musulmans dans la Ville sainte.
Cette ville "est cruciale pour la paix dans la région, et cruciale pour permettre aux musulmans de combattre efficacement certaines des causes de la radicalisation", a-t-il insisté.
Le statut de Jérusalem est l’une des pierres d’achoppement du processus de paix avec Israël, au point mort depuis 2014.
En 1967, Israël a occupé puis annexé la partie orientale de la ville, une annexion jugée illégale par l’ONU. Les Palestiniens, eux, entendent faire de Jérusalem-Est la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.
Initialement prévu fin décembre, le déplacement de M. Pence au Proche-Orient avait été repoussé après la décision de Trump qui a provoqué la colère des Palestiniens, des violences meurtrières dans les Territoires palestiniens et des manifestations dans de nombreux pays arabes et musulmans.
Ce choix rompt avec des décennies de diplomatie américaine et avec le consensus de la communauté internationale.
‘Rétablir la confiance’
"Je suis confiant que votre visite est destinée à rétablir la confiance, pas seulement pour une solution à deux Etats avec Jérusalem-Est comme capitale d’un Etat palestinien indépendant, mais aussi pour vivre côte-à-côte avec un Etat d’Israël sûr et reconnu, en accord avec le droit international", a dit le roi à M. Pence, accompagné dans sa tournée par son épouse Karen.
La Jordanie et l’Egypte sont les seuls pays arabes à avoir signé un traité de paix avec Israël et pourraient jouer un rôle clé dans la relance du processus de paix israélo-palestinien.
M. Pence a qualifié d’"historique" la décision du président américain sur Jérusalem, tout en soulignant l’engagement de Washington à "respecter le rôle de la Jordanie comme gardienne des lieux saints" et à soutenir "une solution à deux Etats si c’est ce sur quoi les deux parties s’accordent".
Après l’Egypte et la Jordanie, M. Pence doit avoir lundi et mardi en Israël des entretiens qui s’annoncent chaleureux avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président Reuven Rivlin.
Pour les Palestiniens, les Etats-Unis ne peuvent plus prétendre à un rôle de médiateur dans le processus de paix. Ils ont fait savoir qu’ils boycotteraient Mike Pence.
Une coalition des partis arabes au Parlement israélien a annoncé de son côté qu’elle boycotterait son discours à la Knesset, qualifiant M. Pence d’homme "dangereux et messianique".
Les relations entre Washington et les Palestiniens ont encore été aggravées par la décision des Etats-Unis, cette semaine, de "geler" plus de la moitié de leurs versements prévus à l’agence de l’ONU pour les réfugiés de Palestine (UNRWA).
Cette agence aide une grande partie des plus de cinq millions de Palestiniens enregistrés comme réfugiés en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, en Jordanie, au Liban ou en Syrie, depuis la création de l’Etat d’Israël et les conflits qui ont suivi. (afp)