Paris condamne les insultes proférées contre Carla Bruni
Après l’avoir traitée de «prostituée», un journal iranien assure que l’épouse de Nicolas Sarkozy «mérite la mort» pour avoir défendu une Iranienne condamnée à la lapidation. Paris proteste et Téhéran marque sa désapprobation.
Outre la première dame, Kayhan s’en était également pris dans cette affaire à l’actrice Isabelle Adjani, qualifiée d’«actrice corrompue». Des insultes contre lesquelles Paris a réagi mardi. «Nous faisons savoir aux autorités iraniennes que les injures proférées par le quotidien Kayhan et reprises par des sites Internet iraniens à l’égard de plusieurs personnalités françaises, dont Mme Carla Bruni-Sarkozy, étaient inacceptables», a indiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero. «Nous faisons passer ce message par les voies diplomatiques habituelles», a-t-il précisé.
«Il ne faut pas utiliser des mots insultants»
De son côté, le ministère des Affaires étrangères iranien a déclaré que l’Iran «n’approuve pas l’insulte contre les responsables des autres pays». «J’espère que tous les médias feront attention», a ajouté son porte-parole. «On peut critiquer la politique hostile de certains pays ou le comportement des responsables d’autres pays et exprimer notre protestation, mais il ne faut pas utiliser des mots insultants. Cela n’est pas correct.»
Dans son ensemble, la presse iranienne s’est gardée d’emboîter le pas à Kayhan, coutumier de propos insultants à l’égard de responsables iraniens ou étrangers. Mais le site Internet du groupe de presse gouvernemental avait enchéri lundi en indiquant que les «nombreux antécédents d’immoralité» attribués à Carla Bruni-Sarkozy lui faisaient mériter le «titre» donné par Kayhan. Le site Internet conservateur Asriran avait en revanche critiqué l’article injurieux, estimant que «les médias iraniens qui se réclament de la culture islamique et iranienne doivent se montrer courtois dans leurs commentaires, même s’ils concernent des ennemis».
À l’instar d’autres personnalités françaises, Carla Bruni-Sarkozy avait affirmé le 23 août dans une lettre ouverte que «la France n’abandonnera pas» Sakineh Mohammadi Ashtiani, mère de famille de 43 ans condamnée à mort par lapidation dans une affaire mêlant, selon la justice, des adultères et le meurtre de son mari. «Répandre votre sang, priver vos enfants de leur mère, mais pourquoi ? Parce que vous avez vécu, parce que vous avez aimé, parce que vous êtes une femme, une Iranienne ? Tout en moi se refuse à l’accepter», écrivait la première dame de France. Téhéran a annoncé début juillet la «suspension» de la condamnation, mais les proches de Sakineh redoutent son exécution à tout moment.