Guéant et Levitte en Algérie
Le secrétaire général de l’Élysée et le conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy se sont rendus en Algérie, le dimanche 21 février pour tenter d dénouer la crise entre ls deux pays.
Reçus par le premier ministre, Ahmed Ouyahia, accompagné du ministre des affaires étrangères, Mourad Medelci, ils se sont appliqués à dénouer une série de contentieux et, sortir, selon un diplomate français, « de cette période d’aigreur ». Dans l’immédiat, ces échanges n’ont pas abouti à des mesures concrètes, hormis des « pistes de travail », mais, de source algérienne, on note avec satisfaction le « désir de désamorcer les choses, côté français ». «
« C’était très timide, disons que cela ressemblait à une mission de bonne volonté affichée, avant, peut-être d’autres étapes », a indiqué au Monde un officiel algérien, sous couvert d’anonymat. « Ces contacts seront poursuivis », assure-t-on côté f’rançais.
La libération par Bamako – contre l’avis d’Alger – de quatre combattants islamistes au Mali, en échange de celle du français Pierre Camatte enlevé fin novembre 2009 dans le nord malien par Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), a ajouté une pomme de discorde dans un contexte déjà fourni entre Paris et Alger. Et les déclarations, samedi, de Bernard Kouchner, n’ont rien arrangé.
Interrogé par Le Journal du dimanche sur les relations franco-algériennes, le ministre des affaires étrangères avait répondu: « Nos rapports avec l’Algérie ont été à ce point sentimentaux, violents et affectifs que tout est très difficile et douloureux. La génération de l’indépendance algérienne est encore au pouvoir. Après elle, ce sera peut-être plus simple. » Aussitôt, la presse algérienne a dénoncé « l’arrogance » de M. Kouchner, estimant qu’il avait eu des propos « humiliants » pour le peuple algérien et, en particulier, pour son président, Abdelaziz Bouteflika, qui fêtera dans quelques jours ses 73 ans.
La visite éclair de la délégation française, arrivée le matin même et repartie en fin d’après-midi, a néanmoins fait l’objet d’une intense préparation, des deux côtés, au cours de plusieurs séances de travail à Paris, en compagnie de l’ambassadeur d’Algérie, Missoum Sbih.
Dès jeudi, l’annonce de la libération imminente des quatre islamistes au Mali était acquise après leur condamnation par un tribunal de Bamako à des peines déjà couvertes par leur détention pour « possession illégale d’armes de guerre ». Dimanche, le président malien, Amadou Toumani Touré, a déclaré avoir de « l’espoir pour la [libération] de tous les otages européens », trois Espagnols, deux Italiens et un Français détenus par AQMI. « L’otage français est bien traité, il est en vie », a-t-il ajouté, selon l’Agence France-Presse.
L’AQMI avait fixé la date-butoir du 20 février, menaçant de tuer à cette date M. Camatte si ses « combattants » n’étaient pas libérés. Mais dimanche, à Alger, ce dossier, assure-t-on, n’a pas été abordé au fond. La délégation française a simplement « remercié » les Algériens de leur « compréhension ».
Pour apaiser l’iritation d’Alger, tous les sujets de crispation qui se sont accumulés ces derniers mois, ont été passés en revue. Les autorités algériennes ont dressé une liste de griefs et posé leurs exigences. Dans l’ordre: la confirmation, rapide, du non-lieu requis le 9 février par le parquet de Paris en faveur du diplomate algérien Mohamed Ziane Hasseni, interpellé en France en 2008 et placé sous contrôle judiciaire dans l’enquête sur l’assassinat de l’opposant Ali Mecili, en 1987, à Paris – une affaire qui empoisonne les relations bilatérales depuis deux ans; le retrait de l’Algérie de la « liste noire » des pays à risque en matière de sécurité aérienne après son inscription révélée en janvier. Une disposition qui a particulièrement mis en colère les autorités algériennes, du fait de la lutte antiterroriste qu’elles mènent depuis des années en collaboration avec les Européens et les Américains.