Le chef de la diplomatie Luigi di Maio l’a annoncé mercredi devant le parlement, justifiant son prolongement automatique pour trois ans (à compter du 2 novembre) parce qu’"une réduction de l’assistance italienne pourrait se traduire par une suspension de l’activité des garde-côtes libyens, avec pour conséquence: davantage de départs, des tragédies en mer et une détérioration des conditions des migrants dans les centres d’accueil".
M. Di Maio a promis toutefois que le gouvernement "travaille pour l’améliorer", tout en soulignant que du point de vue italien, cet accord fonctionne et que "personne ne peut nier qu’il a permis de passer de 170.000 débarquements (de migrants en 2016) à 2.200, en seulement deux ans".
Selon lui, Rome va chercher à "impliquer davantage les Nations unies et la société civile dans l’amélioration de l’assistance aux migrants" en élargissant l’accès des ONG aux camps de rétention libyens, à augmenter les fonds pour le rapatriement vers les pays d’origine quand ils sont considérés comme sûrs comme la Tunisie et pour financer des projets de coopération.
Pour Marco Bertotto, un responsable italien de l’organisation humanitaire Médecins Sans Frontières (MSF), "les modifications envisagées" sont du "maquillage humanitaire" parce qu’elles sont "difficilement réalisables". Le gouvernement italien dit "vouloir améliorer la situation mais en réalité on perpétue des politiques de renvoi et de détention", a indiqué M. Bertotto jeudi dans un communiqué.
MSF fournit une "assistance médico-humanitaire dans les centres de détentions en Libye, un pays en guerre, où ces personnes subissent des conditions inhumaines, la malnutrition, des violences et abus". "La seule solution humanitaire possible est de mettre un terme au système de détention arbitraire", et d’évacuer les migrants et réfugiés, a ajouté MSF, en soulignant que le HCR (Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU) considère que "75% des personnes dans ces centres sont à risque".
MSF a par conséquent demandé à l’Italie et à la communauté internationale de "cesser d’apporter un soutien aux autorités et les garde-côtes libyens qui ne fait qu’alimenter les souffrances, les violations des droits de l’homme et l’odieuse activité des trafiquants d’êtres humains, à terre et en mer".
L’accord avait été négocié par Marco Minniti, un ancien communiste passé par les services secrets, et devenu ministre de l’Intérieur en décembre 2016, du gouvernement de Paolo Gentiloni (en place jusqu’au printemps 2018). Fort de vieux contacts en Libye, il avait signé un "mémorandum" avec les autorités de Tripoli mais aussi avec des milices pour bloquer les migrants.
Avec le soutien européen, l’Italie a formé et équipé les garde-côtes libyens et continue de les assister en vertu de cet accord.