Les questions économiques, sociales et internationales, ainsi que le style de présidence ont été abordés entre les deux élus, assis côte à côte, légèrement de biais, pendant près de deux heures sur le plateau ciel et blanc de France 2.
Veste grise pour l’une, costume bleu pour l’autre, les deux finalistes désignés par le scrutin de dimanche dernier ont présenté leurs programmes respectifs, s’interpellant parfois.
La maire de Lille, en retard après le premier tour de la primaire, a été à l’offensive, insistant d’emblée sur le duel entre la "gauche molle" et la "gauche forte" qu’elle prétend incarner, demandant des explications à son rival, glissant des "Moi je n’ai pas besoin de changer mes propositions" et autres "Je veux aller plus loin".
Attaqué jusqu’à l’agacement sur ce thème ces derniers jours, François Hollande à répliqué sans se laisser déstabiliser.
"Je ne suis ni dans la gauche molle, ni dans la gauche dure, je suis dans la gauche solide et sincère", a-t-il dit.
Pour Jérôme Sainte-Marie, de l’institut de sondages CSA, le député de Corrèze "était davantage dans l’élection présidentielle et elle davantage dans la primaire".
"François Hollande a parlé très peu de Martine Aubry tandis qu’elle a beaucoup évoqué François Hollande", a-t-il dit à Reuters. "Elle a assumé sa position de dominée, de challenger, en perdant un peu d’envergure, voire en apparaissant davantage dans la critique interne que dans la proposition".
UN ROLE IMPORTANT POUR ROYAL
L’émission a eu lieu au terme d’une journée difficile pour le camp Aubry, après le soutien apporté par Ségolène Royal à François Hollande, ainsi conforté dans sa position de favori.
"Je respecte la décision de Ségolène", a dit Martine Aubry, qui a promis, comme son rival, "un rôle important" pour la présidente de Poitou-Charentes dans la future majorité.
Lors du premier tour qui a rassemblé 2,6 millions de votants, une mobilisation inespérée pour le PS, le député de Corrèze a obtenu 39,2% des voix et la maire de Lille, 30,4%.
Outre Ségolène Royal (6,9%) Manuel Valls (5,6%) et le président du Parti radical de gauche Jean-Michel Baylet (O,6%) ont apporté leur soutien à François Hollande.
Quant à Arnaud Montebourg, le "troisième homme" du 9 octobre avec 17,2% des voix, il a envoyé une lettre aux "impétrants" pour tester la compatibilité de leurs programmes avec le sien.
Les deux candidats ont assuré mercredi qu’ils seraient fermes avec les banques, comme le demande le député de Saône-et-Loire, proposant le placement sous contrôle public des établissements recapitalisés. (voir )
Ils se sont prononcés pour une régulation de la mondialisation, refusant certaines mesures "protectionnistes" proposées par Arnaud Montebourg.
"On ne va pas revenir sur la mondialisation", a dit Martine Aubry, tout en se déclarant, comme son concurrent, d’accord pour imposer une réciprocité dans l’ouverture des marchés, notamment avec la Chine, ou surtaxer les produits importés qui ne respectent pas des normes de respect de l’environnement.
Mais ils ne suivent pas Arnaud Montebourg quand il veut par exemple obliger Air France à n’acheter que des Airbus.
"Moi je n’ai jamais été pour le protectionnisme mais je veux une stratégie offensive", a dit le député de Corrèze.
AVANTAGE HOLLANDE DANS LES SONDAGES
Assez proches sur les programmes, les deux candidats ont souligné leurs différences de style et d’expérience.
"J’ai été numéro deux du gouvernement", a lancé l’ex-ministre du Travail de Lionel Jospin à son adversaire qui n’a jamais été membre d’aucun gouvernement.
Elle a ajouté pouvoir dire à ce titre que le contrat de générations voulu par François Hollande pour inciter les entreprises à embaucher des jeunes tout en gardant des seniors "ne marchera pas".
"La solidité pour moi c’est aussi la clarté. Le flou c’est la pire des choses", a ajouté la maire de Lille, qui a lancé un appel aux femmes et aux hommes de gauche sensibles à l’égalité entre les deux sexes.
François Hollande s’est présenté comme "un homme de ténacité" qui a "fait de la politique très jeune" et "remonté le PS" en tant que premier secrétaire après le 21 avril 2002 qui avait vu le PS éliminé par l’extrême droite.
"Je veux être le président de la victoire" ont été ses derniers mots.
Martine Aubry et François Hollande seront jeudi en meeting, l’une à Lille et l’autre au Bataclan à Paris, pour jeter leurs derniers arguments à 72 heures du scrutin.
Selon un sondage Opinionway des sympathisants de gauche paru mercredi dans Le Figaro, le député l’emporterait avec 54% des voix (-4 points) devant la maire de Lille, 46%. Une autre enquête Harris interactive pour LCP donne Hollande à 53% et Aubry à 47% dans la même catégorie d’électeurs potentiels.