L’Assemblée populaire nationale algérienne (APN) a entamé l’examen de réformes promises par M. Bouteflika le 15 avril, en réponse à une vague de contestation en Algérie.
L’APN a notamment interdit jeudi le cumul du mandat parlementaire avec d’autres mandats et certaines fonctions.
Le texte sur les femmes a rejeté l’obligation inscrite dans le projet initial de proposer un quota de 30% de femmes sur toutes les listes électorales. Il a écarté également la nécessité de les placer en tête de liste ou de leur accorder un pourcentage sur le nombre de sièges remportés.
La nouvelle loi devrait être votée par le Sénat et sera appliquée aux prochaines législatives du printemps 2012. Elle prévoit des taux de représentativité des femmes variables, selon la taille de la circonscription.
"Cette loi est une discrimination territoriale et sexuelle à l’encontre des femmes", a assuré à l’AFP Amina Gharbi Bounab, députée du parti présidentiel Front de Libération nationale (FLN).
Pour Halima Lakehal, autre députée FLN, "le texte du président a été vidé de son sens. S’il voulait imposer un quota de 30%, c’est parce qu’il connaissait la mentalité des hommes", a-t-elle indiqué à l’AFP.
Le vote à main levée a été acquis à la majorité absolue. 213 députés étaient présents sur 389, dont 30 femmes, que compte l’Assemblée. 113 ont signé des procurations pour le vote.
Les députés du Mouvement de la société pour la paix (MSP, islamiste, membre de l’Alliance présidentielle, 51 députés), et du Parti des Travailleurs (PT, généralement pro-Bouteflika, 26) se sont abstenus.
Ceux du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, opposition, 19) ont gelé depuis des mois leurs activités au sein de l’Assemblée.
La nouvelle loi organise un système de pourcentages de représentation féminine proportionnels au nombre de sièges par wilaya (préfecture).
Ainsi, le taux est de 20% pour les wilayas de quatre sièges, 30% pour plus de 5 sièges, 35% pour 14 sièges et plus, et enfin 40% pour plus de 32 sièges.
La communauté algérienne à l’étranger a droit à un pourcentage de 50%.
La nouvelle loi établit un taux de 20% pour 14 des 48 wilayas que compte le pays.
Le choix initial de 30% représentait un pourcentage conforme à la convention des Nations unies sur l’élimination de toutes formes de discrimination envers les femmes.
"La discrimination territoriale est un précédent dans les lois algériennes. Je viens d’une wilaya qui a quatre sièges et j’ai été élue", a ajouté Mme Lakehal.
"Les femmes sont à l’avant-garde pour tout, elles sont sorties dans la rue pour crier +halte au terrorisme+, font la campagne électorale des partis, ont le sens civique et sont plus nombreuses dans les bureaux de vote que les hommes et c’est eux (les hommes) qui récoltent les lauriers", s’est écriée Mme Lakehal.
En colère contre "ce coup d’Etat" des députés masculins, Mme Bounab juge que "même dans les foyers, les hommes sont devenus de simples pères biologiques. Les femmes gèrent tout".
Cette loi était l’un des points phares des réformes promises par le président Bouteflika et celle qui a soulevé le plus de polémique.
Le ministre de Justice Tayeb Belaiz rappelait lors des débats sur le projet initial que "la solution est de légiférer et d’instaurer un quota de 30%", car, 50 ans après l’indépendance, la représentation des femmes en politique reste faible.