Lors de cet appel, le ministre français a félicité le chef islamiste de sa victoire, a-t-on ajouté de même source, confirmant une information du quotidien Le Parisien.
Fin octobre, Alain Juppé avait conditionné l’aide du G8 à la Tunisie au respect des valeurs démocratiques. "Nous allons mettre en place une aide économique massive à la Tunisie", avait-il dit à la radio France Inter. "Naturellement, cette aide, nous l’apporterons dans la mesure où les lignes rouges ne seront pas franchies. Je pense que c’est important d’avoir cette conditionnalité", avait-il ajouté, en citant le respect de l’alternance démocratique, des droits de l’homme, et de l’égalité hommes-femmes.
En matière d’égalité entre les sexes, "la société tunisienne est très évoluée et il serait absolument dommageable qu’on fasse marche arrière. Donc on va être très vigilants et nous avons les moyens d’exprimer cette vigilance", avait précisé le ministre français.
Dans un entretien au journal Le Monde, Rached Ghannouchi avait réagi séchement à ces propos. "Nous n’avons pas besoin d’une telle parole pour respecter les droits de l’Homme. Cela fait partie de nos valeurs et de notre religion et les Tunisiens n’acceptent pas les aides conditionnées", avait-il fait valoir.
Dimanche, Alain Juppé avait déjà tenté de calmer le jeu en soulignant qu’il fallait "faire confiance" aux responsables de Ennahda et "travailler avec eux". "Aucune révolution ne se passe dans le calme complet. Il va y avoir des difficultés. Il faut faire confiance", avait-il dit à la radio Europe 1.
Le parti islamiste Ennahda dispose de 91 élus (sur un total de 217) à l’Assemblée constituante tunisienne issue de l’élection du 23 octobre où il a remporté 41,47% des suffrages.