Dominique Strauss-Kahn étant détenu à la prison de Rikers Island à New York, les journalistes tentaient par tous les moyens mardi d’en savoir plus sur la femme de chambre de 32 ans qui accuse le patron du Fonds monétaire international de l’avoir agressée sexuellement samedi à l’hô tel Sofitel.
Selon son frère, restaurateur du quartier de Harlem, la jeune femme a été placée dans un "lieu tenu secret" à New York. Il rapporte qu’elle l’a appelé samedi après-midi alors qu’elle était avec la police et un médecin.
"C’est moi qu’elle a appelé en premier. Elle m’a dit: ‘il vient de se passer quelque chose de grave’. Elle pleurait, elle n’arrêtait pas de pleurer", a-t-il raconté dans son restaurant. "Je ne l’avais jamais vue ni entendue comme ça", insiste cet homme d’origine guinéenne âgé de 42 ans.
L’homme, qui refuse d’être pris en photo et dont l’AFP ne révèle pas l’identité afin de protéger la victime présumée, a expliqué que sa soeur travaillait à l’hô tel Sofitel depuis trois ans. Il a indiqué qu’elle était la maman d’une fille et parlait très bien français, comme lui.
"C’est une bonne musulmane. Elle ne porte pas le voile mais elle se couvre les cheveux", a dit cet homme qui a vécu à Paris enfant.
Il s’agace quand on lui parle d’une éventuelle machination dont "DSK" aurait été la cible. "Elle ne savait pas qui était Dominique Strauss-Kahn au moment des faits. C’est moi qui lui ai expliqué qui il était quand elle m’a appelé", dit-il. "Les médias européens qui doutent de cette affaire, ça m’énerve".
La victime présumée n’a pas été vue par les médias depuis l’arrestation du directeur général du FMI samedi dans un avion qui s’apprêtait à décoller de l’aéroport Kennedy à destination de Paris.
Conformément à la loi, la police n’a pas identifié la victime présumée et a insisté dimanche auprès des journalistes pour qu’ils ne la prennent pas en photo lors de sa venue au commissariat de Harlem, où elle a affirmé que M. Strauss-Kahn était bien son agresseur. La jeune femme est du reste passée devant les journalistes dans une camionnette banalisée de la police, cachée sous des draps.
Elle habite dans le Bronx, l’immense quartier populaire du nord de New York. "C’est une belle et grande femme qui a la trentaine, elle vient d’Afrique. Je ne l’ai pas vue depuis une semaine. Elle travaille dans un hô tel à Manhattan", assure Pedro Gomes, le concierge de l’immeuble.
C’est un immeuble d’une soixantaine d’appartements, en briques rouges typique de New York, avec des escaliers en fer noir zigzaguant sur la façade. Au troisième étage, où vit la jeune femme, un voisin a laissé un mot sur sa porte. "S’il vous plait laissez-nous tranquilles, moi et tous les voisins. Vous êtes casse-pieds", est-il écrit à l’adresse des journalistes.
"Je la connais depuis qu’elle a emménagé ici il y a environ six mois. C’est une fille sympa, qui travaille dur, je la voyais quasiment tous les jours quand elle partait au travail", dit le concierge. "Je vis dans l’appartement juste à cô té du sien", témoigne une voisine, Amanda Borgeson. "Elle est discrète, je n’entends jamais rien, même pas la télé ni quoi que ce soit".
Le Sofitel a indiqué que la jeune femme travaillait dans l’hô tel depuis trois ans et qu’elle donnait "entière satisfaction tant en ce qui concerne la qualité de son travail que de son comportement".