Lors d’une émission lundi sur la chaîne Canal+ consacrée aux scandales sexuels, l’ancien ministre de l’Education Luc Ferry (2002-2004) a fait état sans le nommer d’un ancien ministre qui aurait eu des relations pédophiles au Maroc, affirmant avoir eu "des témoignages" à ce sujet "des autorités de l’Etat au plus haut niveau", dont un Premier ministre.
"La plainte sera déposée à Paris mercredi, et notre objectif est de pousser la justice française à vraiment enquêter", a déclaré samedi à l’AFP Me Jean Chevais, l’avocat parisien de l’association marocaine "Touche pas à mon enfant".
Cette dernière a déjà déposé vendredi à Marrakech, au sud du Maroc, une plainte contre X dans la même affaire.
"Il faut que les choses avancent et rapidement. Vous savez en France, comme au Maroc, les enquêtes préliminaires peuvent prendre beaucoup de temps. Cela peut être une manière élégante d’enterrer un peu le dossier", a ajouté Me Chevais, en visite au Maroc.
"On cite l’exemple des Etats-Unis dans plusieurs domaines, mais eux au moins, dans le domaine de la justice, ils savent aller vite", a-t-il indiqué.
M. Ferry a été entendu vendredi comme témoin par la police à Paris.
"Déposer la plainte en France nous permettra d’avoir accès au dossier et de demander au procureur où ça en est. C’est aussi une forme de pression, car autrement, c’est l’enterrement première classe du dossier", a conclu Me Chevais.
Deux associations marocaines enregistrées en France vont d’ailleurs se joindre à cette plainte.
Il s’agit des "Amis de l’Association marocaine des droits humains", association basée à Lille (nord) qui compte une centaine d’adhérents en France, et "Mémoire vive agir pour la citoyenneté au Maroc" (une cinquantaine d’adhérents dans la région de Lille).
Selon Imad Abdelatif, président des "Amis de l’Association marocaine des droits humains", il n’est "pas exclu" que soit également déposée une plainte pour non-dénonciation de crime contre l’ex-ministre français de l’Education nationale Luc Ferry, ainsi que contre "tout responsable politique au courant qui aurait dissimulé l’infraction" évoquée par le philosophe sur Canal+.
Il s’agit là d’un "combat contre l’impunité" dans lequel sont engagées les deux associations de défense des Droits de l’Homme et de la citoyenneté, a-t-il expliqué lors d’un point de presse à Lille.
La pédophilie, qui "pollue" des villes touristiques marocaines comme Marrakech "profite de la pauvreté des familles et de la fragilité des enfants", a-t-il dit, affirmant que de nombreuses affaires sont "étouffées" en raison de "pressions".
Selon lui, au Maroc "beaucoup de procès n’aboutissents pas", car "on donne de l’argent aux familles pour acheter leur silence".