"Nous sommes à moitié conscientes, nous ne dormons pratiquement pas, aujourd’hui nous n’avons pas du tout dormi", a déclaré l’une des prévenues, Nadejda Tolokonnikova, au tribunal Khamovnitcheski.
"Nous ne pouvons pas pleinement participer" aux débats, a-t-elle lancé au moment où la présidente de la juridiction faisait appeler une aide médicale d’urgence pour la deuxième fois lors de l’audience, à la demande des jeunes femmes disant se sentir mal.
"Nous refusons de participer à un procès illégitime, nous allons demander aux huissiers de nous sortir de là", a protesté Maria Alekhina, après s’être vu refuser par la présidente du tribunal de limiter la durée des audiences.
"Les médecins vous ont examinée, vous violez la procédure judiciaire", a répondu la juge Marina Syrova, au cours d’échanges tendus avec la défense, conduisant l’avocate Violetta Volkova à quitter brutalement la salle.
"Ca n’est pas un procès!", a-t-elle protesté.
La présidente du tribunal a ensuite lancé un avertissement formel à l’avocate pour avoir quitté la salle sans permission.
Les avocats de la défense se sont plaints à plusieurs reprises que leurs clientes, en détention provisoire depuis cinq mois, doivent se lever à 05H00 et sont maintenues pendant plusieurs heures dans de petits espaces non aérés avant d’être conduites au tribunal pour des audiences dépassant parfois 12 heures.
Maria Alekhina s’était plainte lundi d’avoir "la tête qui tourne" après une audience qui s’est terminée après 22H00.
Mercredi, elle a été victime d’un malaise après "une chute brutale du taux de sucre dans le sang, du fait qu’elle est végétalienne", a expliqué l’avocat Nikolaï Polozov.
Les médecins lui ont fait "les piqûres nécessaires", a-t-il ajouté.
Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 29 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, doivent répondre de "hooliganisme", délit pour lequel elles encourent jusqu’à sept ans de prison.
Elles sont poursuivies pour avoir entonné le 21 février, encagoulées, avec guitares et sonorisation, une "prière punk" intitulée "Marie mère de Dieu – chasse Poutine !" à l’intérieur de la cathédrale du Christ-Sauveur, dans la capitale russe.
Les prévenues clament leur innocence, estimant n’avoir commis aucun délit. Elles affirment avoir été animées par la seule envie d’améliorer la situation politique dans le pays où le président Vladimir Poutine est confronté à une contestation sans précédent depuis son arrivée au pouvoir il y a 12 ans.