"Nous savons que des pays ont émis le désir d’armer les révolutionnaires. Le CNS, via le bureau militaire, a voulu organiser ce flux pour éviter des livraisons directes d’armes venant de pays particuliers", a déclaré le président du CNS, Burhan Ghalioun lors d’une conférence de presse à Paris.
"Il est hors de question que les armes passent en Syrie dans le désordre", a ajouté M. Ghalioun alors que des armes sont déjà acheminées en contrebande d’Irak en Syrie selon les autorités irakiennes.
L’opposant a cependant indiqué qu’il n’avait pas encore reçu de "propositions précises".
"Ce bureau militaire sera localisé au plus près du champ d’action, probablement en Turquie", a-t-il expliqué. Des officiers déserteurs, notamment le colonel Riad Assaad, chef de l’Armée syrienne libre (ASL), se trouvent depuis plusieurs mois en Turquie, près de la frontière.
"On va déterminer nos demandes, nos besoins en armes, et on verra dans quel pays les chercher", a assuré M. Ghalioun.
Rejetant l’idée que la "révolution" avait vécu et qu’une guerre civile était en cours en Syrie, Burhan Ghalioun a insisté sur le caractère défensif des armes. "Il s’agit de défendre les civils et pas de lancer la guerre", a-t-il martelé.
Depuis le blocage de Moscou et Pékin au Conseil de sécurité de l’ONU et l’intensification du pilonnage de Homs, épicentre de la contestation, les appels à venir en aide aux rebelles syriens se multiplient.
Le CNS a longtemps été opposé à l’idée de livraisons d’armes ainsi qu’à toute intervention militaire étrangère. Mais ces dernières semaines, devant la paralysie de la communauté internationale, il a appelé hommes d’affaires syriens et arabes à financer les opérations rebelles, puis a commencé à évoquer la possibilité de livraisons d’armes.
Des pays, comme le Qatar, ont déjà indiqué qu’ils y étaient prêts. Le Parlement koweïtien a adopté jeudi une résolution appelant à armer l’opposition syrienne.
Cette idée est officiellement exclue par les pays occidentaux qui craignent l’arrivée de jihadistes aux cô tés des rebelles. La Maison Blanche a affirmé qu’Al-Qaïda essayait de profiter des violences et reconnu qu’il s’agissait de l’une des raisons pour lesquelles fournir des armes à l’opposition n’était pas à l’ordre du jour à Washington.
Pour mettre en place son "bureau militaire", le CNS sait qu’il doit rassembler l’ensemble des rebelles, déserteurs prêts au combat et civils en armes qui combattent pour l’instant sans commandement central.
L’Armée syrienne libre (ASL) du colonel Riad Assaad est plus un label adopté par les déserteurs sans réel coordination. Et le général Moustapha Al-Cheikh, l’officier déserteur le plus haut gradé, a créé en février une structure concurrente, le "Conseil militaire révolutionnaire supérieur pour la libération de la Syrie".
Selon Burhan Ghalioun le "bureau militaire" du CNS, composé de civils et de militaires à la manière d’un "ministère de la Défense", coiffera les principales composantes de la lutte armée, l’ASL et le Conseil du général Moustapha Al-Cheikh.
"J’ai eu hier l’accord de Cheikh et Assaad, ils sont d’accord pour entrer dans ce bureau", a-t-il assuré.
Joint récemment par l’AFP depuis le camp d’Apaydin dans le sud de la Turquie, le général Cheikh estimait qu’il suffirait "de frappes à Damas contre la famille au pouvoir pour faire chuter le régime". "Ce que nous voulons, c’est une intervention internationale du type Kosovo, même sans résolution du Conseil de sécurité de l’ONU", disait-il.