Espagne: l’ancienne maîtresse de Juan Carlos affirme avoir été menacée par les services secrets
Corinna Larsen, ancienne maîtresse de l’ex-roi d’Espagne Juan Carlos, a affirmé vendredi, lors d’un procès, avoir été menacée en 2012 par l’ex-chef des services de renseignement qui agissait, selon elle, sur ordre du souverain.
Le témoignage explosif de Corinna Larsen, femme d’affaires allemande, est intervenu durant le procès du sulfureux commissaire José Manuel Villarejo, en prison depuis 2017 et connu en Espagne pour avoir enregistré à leur insu nombre de personnalités politiques./mr
S’adressant à la cour par vidéoconférence depuis Londres, Mme Larsen, également connue sous le nom de son ex-mari, zu Sayn Wittgenstein, a affirmé avoir été directement menacée par le général Felix Sanz Roldan, à la tête des services de renseignement espagnols entre 2009 et 2019.
Selon elle, l’ordre venait du roi lui-même, Juan Carlos, dont elle a été la maîtresse jusqu’en 2012, deux ans avant son abdication.
Mme Larsen affirme avoir été en possession de documents sensibles concernant « des affaires financières » du roi et de la maison royale, sur lesquels les services de sécurité voulaient mettre la main.
Le général Sanz Roldan l’a alors contactée à plusieurs reprises pour lui indiquer qu’elle ne serait pas en sécurité tant qu’elle n’aurait pas remis les documents, allant jusqu’à la menacer elle et ses enfants, lors d’une rencontre à l’hôtel Connaught, à Londres le 5 mai 2012, toujours selon son témoignage.
« Le général me donnait des conditions, des instructions, des recommandations que je devais suivre. Et il m’a dit que si je ne les suivais pas, il ne pouvait garantir mon intégrité physique ni celle de mes enfants », a-t-elle expliqué devant la cour, ajoutant que ces mots l’avaient « terrifiée ».
La rencontre avait été organisée, selon elle, « sur la volonté expresse » du roi, qui s’est exilé en août aux Emirats Arabes Unis après de multiples révélations sur la détention présumée d’une fortune opaque à l’étranger.
Mme Larsen dit avoir pris ensuite l’avion jusqu’en Suisse et affirme avoir trouvé dans son appartement dans les Alpes un livre sur la mort de Lady Diana dans un accident de voiture en 1997 dans un tunnel à Paris.
Quelques heures plus tard, un appel anonyme en espagnol lui expliquait qu’il y avait « beaucoup de tunnels entre Nice et Monaco », une ville où elle vit depuis 2008.
« C’est un mensonge. Je n’ai jamais menacé une femme ou un enfant », a répliqué M. Sanz Roldan devant le tribunal.
Mme Larsen avait parlé de ces menaces à M. Villarejo en 2015, lors d’une conversation que le policier avait enregistrée à son insu avant d’évoquer cet enregistrement en 2017 lors d’une interview. Ce qui lui vaut d’être poursuivi pour faux témoignage et diffamation.