Alors que la pandémie du nouveau coronavirus poursuit son avancée faisant plus de deux millions de morts dans le monde, plusieurs organisations internationales et experts se mobilisent pour une coopération et une solidarité internationales face au Covid-19, en multipliant les appels en faveur d’un accès équitable aux vaccins contre le virus.
Lundi, le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour la réduction des risques de catastrophe, Mami Mizutori, a appelé à un soutien accru aux pays en développement dans le contexte de la pandémie de COVID-19, affirmant que « l’immunité n’est pas le privilège de quelques-uns mais un droit pour tous».
«La perte de vies humaines due à cette pandémie équivaut à huit tsunamis dans l’océan Indien, mais le soutien aux pays les plus exposés n’est malheureusement pas aussi rapide que la manière généreuse que nous avons vue après le tsunami dans l’océan Indien qui a tué quelque 228.000 personnes de nombreuses nationalités différentes », a-t-elle souligné.
«L’argent collecté en réponse au tsunami dans l’océan Indien s’est élevé à 6,25 milliards de dollars américains pour aider 14 pays touchés. Aujourd’hui, nous sommes mis au défi de collecter les 4 milliards de dollars que l’OMS demande pour l’initiative COVAX afin de sécuriser les vaccins pour les pays à revenu faible et intermédiaire », a poursuivi Mme Mizutori.
Et de souligner : «C’est une situation troublante que 95% des vaccins qui ont été administrés jusqu’à présent ont été injectés dans seulement dix pays (…) Les pays à revenu faible ou intermédiaire avec de grandes populations exposées sont négligés ».
Elle a exhorté la communauté internationale à financer l’initiative COVAX sans tarder afin que « l’immunité ne soit pas le privilège de quelques-uns mais le droit de tous ».
De son coté, le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a averti que le monde ferait face à un « échec moral catastrophique » si les pays riches accaparaient les vaccins contre le Covid-19 au détriment des pays pauvres.
« Je dois être franc. Le monde est au bord d’un échec moral catastrophique, et le prix de cet échec sera payé par les vies et les moyens de subsistance dans les pays les plus pauvres du monde », a affirmé le directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé.
Dans un discours à l’ouverture d’une réunion du conseil exécutif de l’organisation onusienne à Genève, il a fustigé l’attitude « égoïste » des pays riches et vivement critiqué les fabricants de vaccins qui recherchent l’approbation réglementaire dans les États riches plutôt que de soumettre leurs données à l’OMS pour obtenir un feu vert à l’échelle mondiale pour l’utilisation du vaccin.
Estimant que la promesse d’un accès équitable à travers le monde aux vaccins contre le coronavirus était maintenant compromise, le chef de l’OMS a souligné que 39 millions de doses du vaccin contre le coronavirus avaient déjà été administrées dans au moins 49 pays riches.
Dans le même temps, « seulement 25 doses ont été administrées dans un des pays au revenu le plus bas. Pas 25 millions, pas 25.000, juste 25 », a-t-il déploré.
M. Tedros a estimé que même si certains pays se voulaient rassurants sur un accès équitable aux vaccins, ils donnaient la priorité à leurs propres accords avec les fabricants, faisant grimper les prix et essayant de contourner les files d’attente.
Il a indiqué que 44 accords avaient été conclus en 2020 entre ces pays et les fabricants, et au moins 12 signés depuis le début de l’année.
« La situation est aggravée par le fait que la plupart des fabricants ont donné la priorité à l’approbation réglementaire dans les pays riches où les bénéfices sont les plus élevés, plutôt que de soumettre des dossiers complets à l’OMS », a-t-il déploré.
« Non seulement cette approche égoïste met en danger les plus pauvres et les plus vulnérables dans le monde, mais elle est également vouée à l’échec », a-t-il prévenu.
« En fin de compte, ces actions ne feront que prolonger la pandémie et nos souffrances, ainsi que les restrictions nécessaires pour la contenir, et les souffrances humaines et économiques », a encore dit M.Tedros.