Il est ainsi interdit le survol de l’espace aérien contrôlé par Téhéran au-dessus du Golfe et du Golfe d’Oman "jusqu’à nouvel ordre", a indiqué l’Administration aéronautique fédérale américaine.
Ces restrictions sont justifiées par une "augmentation des activités militaires et la tension politique croissante dans la région, qui représentent un risque pour les opérations de l’aviation civile américaine" accompagné d’un risque d’"erreur d’identification", a ajouté la même source qui mentionne le drone militaire américain abattu par un missile sol-air iranien.
L’Iran a assuré jeudi avoir retrouvé, dans ses eaux territoriales, des débris d’un drone américain qu’il a abattu, un incident qui a encore fait monter la tension avec les Etats-Unis où Donald Trump a vivement réagi.
"Notre pays n’acceptera pas cela, je peux vous le dire", a lancé, menaçant, le président américain avant d’essayer de faire baisser la température en évoquant la piste d’une erreur du côté iranien faite par quelqu’un de "stupide". "J’ai du mal à croire que cela était délibéré", a-t-il affirmé depuis le Bureau ovale.
Selon le New York Times qui cite de hauts responsables militaires américains, Donald Trump a initialement approuvé avant d’annuler des frappes contre "une poignée de cibles iraniennes, comme des radars et des batteries de missiles", en représailles.
La Maison Blanche et le Pentagone ont refusé de commenter cette information.
Auparavant, Washington et Téhéran s’étaient livrés toute la journée à une guerre de communication sur la localisation exacte du drone de l’US Navy au moment de la frappe.
Le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif a assuré que des morceaux de l’appareil avaient été retrouvés dans les eaux territoriales iraniennes, "à l’endroit où il a été abattu". Le drone "a été touché à 4h05 (23H35 GMT mercredi) par 25°59’43" de latitude Nord et 57°02’25" (de longitude Est)", a-t-il tweeté.
De son côté, le Pentagone a assuré qu’il se trouvait à 34 km des côtes iraniennes et n’avait "à aucun moment" violé l’espace aérien iranien.
Le Pentagone a publié dans la soirée une carte de la trajectoire du drone, qui le montre dans les eaux internationales ou omanaises, mais jamais dans les eaux iraniennes. Le document présente également une photo d’un appareil en feu, à 23H39 GMT à 25°57’42" de latitude Nord et 56°58’22" de longitude Est.
Il y a notamment une différence de quatre minutes dans l’horaire donné par les deux pays.
Selon le commandement central des forces américaines, le drone a été abattu par un missile sol-air iranien au-dessus du détroit d’Ormuz. Ce détroit est un point de passage stratégique pour l’approvisionnement mondial de pétrole, près duquel deux tankers ont été attaqués le 13 juin, environ un mois après des sabotages contre quatre navires à l’entrée du Golfe.
"Catastrophe"
En dépit des affirmations répétées des Etats-Unis et de l’Iran selon lesquelles ils ne cherchent pas la guerre, l’escalade et la multiplication des incidents dans la région du Golfe font craindre qu’une étincelle ne mette le feu aux poudres.
Le président russe Vladimir Poutine a mis en garde jeudi contre un éventuel recours des Etats-Unis à la force contre l’Iran, estimant que cela serait "une catastrophe" pour la région.
De son côté, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a appelé la communauté internationale à soutenir les Etats-Unis face à l’Iran qui a intensifié "ses actes d’agression".
"J’appelle toutes les nations qui souhaitent la paix et la sécurité à soutenir les Etats-Unis dans leurs efforts contre l’agression iranienne", a-t-il ajouté.
Le drone Global Hawk (du fabricant américain Northrop Grumman) avait décollé mercredi à 19h44 GMT d’une base américaine sur "la rive sud du golfe Persique", "éteint tous ses dispositifs de reconnaissance", passé le détroit d’Ormuz et mis le cap vers l’est en direction du port iranien de Chabahar, ont affirmé les Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique d’Iran.
Selon eux, l’appareil a été abattu au retour de sa mission, dans la zone côtière près de Bandar-é Jask (Sud).
La violation des frontières iraniennes est la "ligne rouge" à ne pas franchir, a prévenu le général de division Hossein Salami, commandant en chef des Gardiens. "Notre réaction est, et sera, catégorique et absolue".
Hausse des cours du pétrole
Après les déclarations du président américain jeudi, les cours du pétrole ont bondi. Déjà en hausse, le baril de WTI, référence à New York, a accentué sa progression après une première réaction de Donald Trump sur Twitter.
A New York, le baril de WTI pour livraison en juillet a terminé à 56,65 dollars (+5,4 %), soit la plus forte hausse de l’année sur une séance. A Londres, le baril de Brent pour livraison en août a gagné 4,3 % à 64,45 dollars.
Les tensions ne cessent de monter depuis que le président américain a décidé en mai 2018 de retirer son pays de l’accord international sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015, et de rétablir de lourdes sanctions contre Téhéran.
Et de nouvelles frictions sont à prévoir: l’Iran a annoncé que ses réserves d’uranium enrichi dépasseraient à partir du 27 juin la limite prévue par l’accord de Vienne.
Le Sénat américain a bloqué jeudi des ventes d’armes à l’Arabie saoudite et à d’autres pays arabes, autorisées par l’administration Trump en invoquant une situation d’urgence provoquée par l’Iran pour contourner le Congrès.