Cette session qui tire à sa fin après quatre semaine de débats tous azimuts en vidéoconférence, a été l’occasion pour plusieurs organisations internationales, dont l’ONU, et des militants des droits de l’homme pour brocarder ces actes répréhensibles, clouer au pilori leurs auteurs et exprimer la totale solidarité avec les victimes tant dans les villes algériennes qu’à l’intérieur des camps des séparatistes à Tindouf, une véritable « zone de non-droit » selon les termes de l’un des intervenants.
Le bal des griefs et critiques a été ouvert aux premiers jours de la session par la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, qui a appelé les autorités algériennes à libérer immédiatement toutes les personnes arrêtées pour avoir participé aux manifestations pacifiques du mouvement pro-démocratique du Hirak.
Mme Bachelet a appelé, dans ce sens, à de « véritables élections démocratiques reflétant la volonté du peuple ».
Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme est revenu, une deuxième fois à la charge pour pointer de manière formelle « la détérioration de la situation des droits de l’homme en Algérie et la répression continue et croissante contre les membres du mouvement pro-démocratie Hirak », et dénoncer « les dispositions du Code pénal algérien, rédigées de manière vague, et qui sont utilisées pour restreindre la liberté d’expression et poursuivre les personnes exprimant des opinions dissidentes ».
« Nous sommes très préoccupés par la détérioration de la situation des droits de l’homme en Algérie et par la répression continue et croissante contre les membres du mouvement pro-démocratie Hirak », a souligné le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, par la voix de son Porte-parole Rupert Colville.
Les manifestations, qui s’étaient poursuivies en ligne à la suite de la pandémie de COVID-19, ont repris dans les rues ces dernières semaines, les autorités ayant réagi de la même manière répressive qu’en 2019 et 2020, a-t-il fait constater dans un communiqué.
Le Porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme fait état “de nombreux cas à travers le pays où les éléments de la sécurité ont utilisé une force inutile ou excessive et procédé à des arrestations arbitraires pour réprimer des manifestations pacifiques”.
Il a appelé “les autorités algériennes à cesser de recourir à la violence contre des manifestants pacifiques et à mettre fin aux arrestations et détentions arbitraires”.
Entre temps, plusieurs organisations de la société civile se sont succédé lors de cette session du CDH, pour dénoncer la répression en Algérie, mais aussi dans les camps des milices du polisario.
L’organisation indépendante « Institut du Caire pour les études sur les droits de l’homme » (CIHRS) a pour sa part condamné les procès ouverts en 2020 contre un millier de personnes poursuivies pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique, dont 63 chefs d’accusation concernant l’offense au président.
Elle s’est élevée, en outre, contre la campagne de harcèlement et de persécution visant les défenseurs des droits de l’homme et les journalistes dans le cadre de l’accomplissement de leur travail, citant le cas de l’étudiant Walid Nekich, victime de violence physique, sexuelle, et psychologique durant sa détention préventive de 14 mois.
L’Algérie a été, par ailleurs épinglée, devant le Conseil des droits de l’homme par des organisations internationales pour les violations des droits des minorités religieuses, en particulier pour la campagne de fermeture des lieux de culte protestants.
L’Alliance évangélique mondiale, le Conseil œcuménique des Églises et Christian Solidarity Worldwide ont exprimé « leur grave préoccupation face à la fermeture en cours des églises protestantes en Algérie ».
Dans une déclaration similaire présentée devant le CDH de l’ONU, l’Alliance baptiste mondiale a dénoncé, pour sa part, « la campagne menée par les autorités algériennes contre les églises protestantes et les chrétiens protestants en Algérie ».
Parallèlement, d’autres organisations ont pointé la complicité et la responsabilité des autorités algériennes dans les exactions, les abus et les graves atteintes aux droits de l’homme commis par le sbires du polisario dans les camps de Tindouf.
Le défenseur sahraoui des droits humains, Adnan Braih, a demandé au CDH d’intervenir pour aider à dévoiler le sort de son frère, Ahmed Khalil Braih, ancien cadre du polisario, qui était chargé des droits de l’homme avant d’être enlevé en janvier 2009 par les services des renseignements algériens, alors qu’il devait mener une enquête sur des violations commises par les dirigeants des séparatistes.
D’autres intervenants comme l’expert en relations internationales, Matteo Dominici, la militante associative sahraouie Mahjouba Daoudi, ont appelé à faire pression sur l’Algérie pour que cesse l’embrigadement des enfants soldats par le polisario dans les camps de Tindouf, en territoire algérien.
L’ancien détenu dans les geôles du polisario, Fadel Breika a vivement dénoncé la répression sans précédent à laquelle se livrent les dirigeants des séparatistes dans les camps de Tindouf à l’encontre des voix dissidentes, avec la complicité des autorités algériennes.
Il a relevé que « depuis que les dirigeants du polisario ont décidé, avec la bénédiction de l’Algérie, de se retirer de l’accord de cessez-le-feu parrainé par les Nations Unies, lesdits camps sont devenus le théâtre d’une répression sans précédent des libertés, et des violations graves des droits des Sahraouis, avec l’intensification des persécutions, des discours de haine et l’incitation à la violence de la part des dirigeants du polisario ».
A l’instar de plusieurs organisations, Fadel Breika a dénoncé le blocus imposé aux populations pour les empêcher de quitter les camps.
Il a indiqué, de même, que les blogueurs sont systématiquement convoqués aux « postes de sécurité » du polisario en présence d’officiers algériens, et sont menacés d’emprisonnement s’ils publient des documents contredisant la propagande des médias du polisario.
Il a par ailleurs dénoncé le recrutement dans les rangs du polisario de combattants des groupes armés s’activant dans la région sahélo-saharienne, notant que « certains d’entre eux ne cachent plus leur visage en appelant les djihadistes du Sahel à rejoindre les rangs du polisario ».
Il a alerté sur « l’état de non-droit qui prévaut dans les camps de Tindouf », appelant la communauté internationale à assumer ses responsabilités face au refus de l’Algérie d’assumer ses responsabilités internationales dans la protection des Sahraouis sur son sol.
L’affaire des deux jeunes sahraouis brûlés vifs par des militaires algériens dans les camps de Tindouf en octobre dernier a été également soulevée à l’occasion de la 46ème session du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU.