Turquie : les soupçons de corruption rattrapent le fils aîné du Premier ministre Erdogan
Les soupçons de corruption ont rattrapé un des fils du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, dont le nom aurait figuré sur une liste d’une quarantaine de personnes visées par un mandat d’arrêt ordonné par un procureur d’Istanbul, dans le sillage de l’affaire politico-financière qui secoue la Turquie depuis décembre dernier.
La police de la première ville turque a refusé d’exécuter un mandat d’arrêt délivré dans le cadre de ce qui est appelé la deuxième phase de l’enquête anticorruption, dans laquelle sont suspectées une quarantaine de personnes, dont Bilal Erdogan, le fils aîné du chef du gouvernement, rapporte le quotidien +Today’s Zaman+.
Ce mandat d’arrêt a été annulé par un tribunal d’Istanbul, après que les procureurs qui supervisaient cette deuxième enquête aient été réaffectés dans d’autres villes, rapporte l’Agence de presse turque +Cihan+.
Le Haut conseil des juges et procureurs, une instance judiciaire turque présidée par le ministre de la Justice, a mené jeudi une vaste opération de mutations dans les rangs des procureurs d’Istanbul, dans un nouveau rebondissement dans la vague de nettoyage menée par le gouvernement dans la hiérarchie policière et l’appareil judiciaire, depuis le début de ce scandale politico-financier sans précédent qui agite le pays.
Fortement fragilisé par ce scandale, le Premier ministre turc a rejeté vendredi les accusations de corruption portées contre son fils, accusant l’opposition de lancer une campagne de diffamation contre ses enfants.
"Si un de mes fils était impliqué dans une affaire de corruption, je l’aurais immédiatement renié", a-t-il dit.
Le nouveau ministre turc de la Justice, Beki Bozdag, a déclaré vendredi qu’aucun mandat d’arrêt ou ordre de détention n’avaient été délivrés contre le fils aîné du Premier ministre, jugeant infondées les informations faisant état que ce dernier aurait quitté le pays.
Depuis le déclenchement de cette affaire le 17 décembre dernier, le Premier ministre turc ne cesse de crier au "complot" étranger contre son gouvernement, décliné, selon lui, par le puissant mouvement Hizmet (service) du prédicateur islamique Fethullah Gulen, qui revendique des millions d’adeptes et des relais influents dans des domaines aussi sensibles que l’économie, les médias, la hiérarchie policière, l’appareil judiciaire et le système éducatif.
Il accuse ce mouvement d’avoir constitué "un Etat parallèle" notamment dans le système judiciaire et la police et de manipuler l’enquête anticorruption en cours pour nuire à l’image de son parti de la justice et de développement (AKP issu de la mouvance islamiste), à la veille d’échéance électorales importantes, les municipales en mars et les présidentielles en août de cette année.