Quelque 131 circonscriptions sont concernées par ce second tour des élections législatives avec un nombre total d’inscrits sur le registre électoral de 7.853.447, dont 5.827.949 inscrits volontairement.
La proclamation des résultats préliminaires du deuxième tour aura lieu, au plus tard, le 1er février 2023.
L’Instance Supérieure Indépendante des élections (ISIE) annoncera les résultats définitifs des élections législatives après la fin des délais de recours, au plus tard, le 4 mars 2023.
Ces électeurs seront, cette fois-ci, au rendez-vous ? Peu probable, selon un grand nombre d’observateurs, qui relèvent qu’après le fiasco du 17 décembre dernier, marqué par une abstention record de près de 90%, le deuxième tour s’annonce dans une indifférence quasi générale.
D’abord, il y a absence d’un véritable enjeu. A l’issue du premier tour, 23 candidats dont 3 femmes ont été élus sur les 154 sièges que compte la future Assemblée des Représentants du Peuple (parlement).
Ensuite, il ne reste plus en lice pour les 131 sièges encore vacants que 262 candidats, dont 34 femmes.
Enfin, à la faveur d’une campagne électorale terne, de candidats inconnus, qualifiés à juste titre d’apprentis en politique, il sera difficile de motiver les électeurs à se diriger massivement vers les bureaux de vote qui ont été massivement boycottés lors du premier tour.
Cela est d’autant plus prévisible, qu’hormis quelques petites formations et un nombre insignifiant de fervents défenseurs du projet de la gouvernance par la base, la majorité de la classe politique et des organisations de la société civile n’ont pas cessé d’appeler à l’annulation du 2ème tour de ces législatives, dont sont exclus les partis politiques à la faveur d’un code électoral, taillé sur mesure, introduisant le scrutin uninominal à deux tours.
Manifestement, la campagne électorale terne, qui s’est achevée le 27 janvier dans l’indifférence la plus totale, s’est distinguée par l’absence d’un véritable débat public.
Les électeurs potentiels n’ont pas eu l’impression qu’il existe même une élection. Préoccupés par la crise, l’envolée des prix, des pénuries à n’en plus finir, et une vague de froid éprouvante, les Tunisiens ne semblent ne pas accorder une attention particulière à ce rendez-vous auquel ils ne s’identifient pas.
Selon un grand nombre d’organisations et d’analystes, les Tunisiens sont conscients que le futur parlement, dépourvu de toute compétence, à la faveur de la concentration de tous les pouvoirs par le président de la république, n’en sera qu’une simple boîte d’enregistrement et que les députés seront cantonnés dans un rôle de figuration.
Cela est d’autant plus vrai que les candidats en compétition sont inconnus de la scène et leurs apparitions furtives sur la télévision nationale ont confirmé leurs appréhensions.
Des apprentis de la scène politique qui leur manque l’essentiel, à savoir la connaissance des problèmes et des préoccupations nationales.
En dépit de l’ambiance délétère qui règne, l’Instance supérieure indépendante pour les élections semble résolue à mener ce processus à son terme.
En dépit des critiques acerbes qui lui ont été adressées, au sujet de sa perte d’indépendance, l’Instance met l’accent sur rôle technique estimant qu’elle n’est pas influencée par les tiraillements politiques.
Le porte-parole de l’instance assure que “Nos préparatifs sont engagés et nous ne sommes pas concernés par les appels politiques qui ne nous concernent en rien !”
A rappeler que plusieurs partis et organisations nationales, dont la centrale syndicale, l’Union Générale Tunisienne du Travail, ont appelé à l’annulation du second tour des législatives, estimant que l’abstention record de près de 90%, est un grand désaveu populaire pour le processus démarré le 25 juillet 2021, quand Kais Saied avait gelé le Parlement et limogé son Premier ministre, s’emparant de tous les pouvoirs.
En dépit de cette situation, experts et observateurs mettent l’accent sur l’opposition qui reste “faible et divisée”, entre d’un côté le camp laïc et progressiste, et de l’autre le FSN, coalisé autour d’Ennahdha, ils soutiennent que dans cette configuration, il y a peu de chances qu’elle s’unisse tant que ne sera pas résolue la question Ennahdha dont la majorité des Tunisiens la rende responsable des échecs économiques et sociaux de la dernière décennie.
Pour certains partis politiques, dont le Front de Salut National, le fiasco électoral va compliquer les négociations entre la Tunisie et le Fonds monétaire international (FMI) pour un prêt de près de 2 milliards de dollars, dont le pays a un besoin urgent.
D’ailleurs, reconnaît récemment le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, “l’année 2023 sera compliquée pour le pays en raison de la faible croissance économique et de la crise des finances publiques.
Cette situation survient dans un contexte économique défavorable qui dure depuis trois ans et qui a été aggravé par la pandémie de Covid-19 et par le conflit en Ukraine entraînant une inflation à deux chiffres et une augmentation des prix des céréales et des énergies que la Tunisie importe.
Il a également souligné l’importance de parvenir rapidement à un accord avec le FMI pour obtenir des financements extérieurs, dans la mesure où sans accord, 2023 sera une année difficile.