Des centaines d’habitants ont manifesté mercredi à Gafsa, dans le bassin minier du centre de la Tunisie, pour réclamer les infrastructures et les emplois promis par plusieurs gouvernements dans cette région, parmi les plus marginalisées du pays.
Il s’agit de la première d’une série de mobilisations prévues dans le pays à l’approche du dixième anniversaire de la chute de Ben Ali.
A l’appel notamment des branches régionales de la centrale syndicale UGTT, et de la principale organisation patronale Utica, les protestataires ont fait grève et défilé dans le centre-ville du chef-lieu de cette province frondeuse riche en phosphate, l’une des principales ressources naturelles de la Tunisie.
La grève n’a été suivie que par les établissements publics, de nombreux cafés et commerces sont restés ouverts, a constaté un correspondant de l’AFP sur place.
« Le recrutement est une priorité et non pas une faveur », ont scandé les manifestants, certains brandissant des drapeaux de la Tunisie.
Les autorités ont promis ces dernières années plusieurs milliers d’embauches dans des entreprises publiques locales, dont la Compagnie des phosphates de Gafsa ou le Groupe chimique tunisien.
Les habitants réclament également un hôpital universitaire doté de médecins spécialisés, d’autant que la population dit souffrir de la pollution liée au phosphate.
Des protestataires ont brandi un cercueil sur lequel était inscrit « Le défunt: l’investissement ».
« Neufs gouvernements se sont succédé et aucun n’a tenu ses promesses pour notre région », a déploré à l’AFP Mohamed Sghayer Miraoui, responsable du bureau régional de l’UGTT à Gafsa.
Le mois de janvier est souvent marqué par des mobilisations sociales en Tunisie.
Plusieurs protestations similaires sont prévues, alors que le pays marque le 14 janvier pour les dix ans de sa révolution, qui a laissé beaucoup de Tunisiens déçus en l’absence d’améliorations sociales.
Un appel à la grève a ainsi été lancé pour le 12 janvier à Sfax, deuxième grande ville du pays, également pour réclamer emplois et investissements.
Dix ans après le soulèvement de décembre 2010 ayant abouti à la chute du président Ben Ali le 14 janvier 2011, la Tunisie peine à réformer son économie, et la classe politique est divisée.
Les législatives de 2019 ont abouti à un Parlement sans majorité claire. Les partis se déchirent alors que l’urgence sociale s’accentue, avec les retombées dramatiques de la pandémie de nouveau coronavirus.
Le président Saied s’est dit fin décembre favorable à un dialogue national, proposé par l’UGTT, « pour trouver des solutions aux problèmes politiques, économiques et sociaux ». Mais des divergences sont fortes concernant les modalités du dialogue.