Les cours et les examens sont suspendus depuis plus d’un mois à la faculté des lettres, des arts et des humanités de la Manouba, près de Tunis, en raison de l’interdiction faite à des étudiantes portant le voile intégral d’accéder à l’enceinte universitaire dans cette tenue.
Des salafistes, la plupart étrangers à la faculté, selon le doyen Habib Kazdaghli, observent depuis un sit-in à l’intérieur de l’établissement, exigeant la levée de la mesure d’interdiction qui frappe les étudiantes récusées.
"Le niqab n’a aucun rapport avec la dignité et le martyr", "la science avant le niqab", "non au carcan, non au niqab, le savoir est libre", pouvait-on lire sur certaines pancartes brandies par les manifestants. Une autre parrainée par la centrale syndicale, l’UGTT, disait "non à l’agressivité, non à l’extrémisme, non aux étrangers dans la faculté".
Des slogans appelaient au départ du ministre de l’Enseignement supérieur, Moncef Ben Salem, du mouvement islamiste "Ennahdha", si le problème n’est pas résolu. "Un ministre qui ne prend pas de décisions peut rester à la maison", scandaient des professeurs à haute voix.
Présent à la manifestation, le doyen qui se rappelle avoir été "empêché d’accéder à son bureau le 6 décembre et agressé", a refusé de transiger: "il faut que les personnes étrangères à la faculté quittent les lieux. Elles représentent la majorité des sit-inneurs. La loi est claire: avant et après les cours, les étudiants peuvent s’habiller comme ils veulent. Mais il faut que le visage de l’étudiante ne soit pas couvert pendant les cours et pendant les examens".
Tout en affirmant être contre l’intervention de la police au sein de l’université, M. Kazdaghli a mis l’accent sur "le besoin de la présence temporaire de la police pour reprendre les cours".
Il n’a cependant pas exclu une issue à la crise. "Nous sommes en pourparlers avec le ministre de l’Enseignement supérieur et je pense que nous allons trouver une solution le plus tô t possible", a-t-il espéré.