Tunisie: le Premier ministre désigné veut protéger les entreprises publiques

Le Premier ministre tunisien désigné Hichem Mechichi a déclaré jeudi que la relance des 110 entreprises publiques serait l’une des priorités de son gouvernement, peu après la publication d’un rapport détaillant l’exorbitante dette de ces sociétés.

« La priorité est de protéger le secteur public et les entreprises publiques parce qu’ils ont un rôle clé dans le maintien des grands équilibres du pays », a-t-il déclaré aux journalistes, écartant implicitement une privatisation à court terme.

Mais il a dit souhaiter « interrompre l’hémorragie des finances publiques », et avoir pour cela axé la composition de son gouvernement « sur les aspects économiques ».

Son futur cabinet, conditionné à l’obtention de la confiance du Parlement mardi, comporte un ministère centralisant Economie, Finances et Investissement, confié à un patron de banque, Ali Kooli.

Dans un rapport publié récemment, le ministère des Finances a révélé « la situation financière difficile des entreprises publiques », la majorité enregistrant des bilans négatifs ces dernières années.

Le rapport présente la situation de 31 établissements publics entre 2016, 2017 et 2018.

Il cite ainsi la société des phosphates de Gafsa, qui exploite l’une des rares richesses naturelles de la Tunisie, mais enregistre néanmoins des dettes accumulées de 128 millions de dinars (40 millions d’euros) selon l’estimation pour 2018.

Cette dette se creuse rapidement: elle se situait à 105,7 millions dinars en 2017, et 89,6 millions dinars en 2016.

Les difficultés structurelles de l’entreprise ont été aggravées par des interruptions totales de la production pendant 85 jours en moyenne chaque année, en raison de manifestations de chômeurs réclamant des emplois dans le secteur public, indique le rapport.

Le Complexe chimique tunisien, qui transforme le phosphate pour l’exporter, est également lesté d’une lourde dette, estimée à 1,2 milliard de dinars (375 millions d’euros) au total par la même source, qui donne des chiffres de 2018.

La compagnie aérienne nationale Tunis Air, qui appartient à 64,9% à l’Etat, comptait quand à elle une dette de 2,4 milliards de dinars (745 millions d’euros) en 2017, et cette dette devrait continuer à augmenter, indique le rapport.

La Tunisie a achevé au printemps un programme quadriennal du FMI.

Le Premier ministre sortant Elyes Fakhfakh avait alerté peu avant sa démission en juillet que « toutes les sociétés publiques sont en faillite », évaluant l’endettement public à 92 milliards de dinars (environ 30 milliards d’euros).

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