Tunisie/corruption: appels à manifester malgré la mise en garde des autorités

Cinq partis politiques de l’opposition en Tunisie et des personnalités indépendantes ont appelé à défiler samedi contre un projet de loi controversé, malgré l’interdiction par le ministère de l’Intérieur de toute manifestation en raison de l’état d’urgence.

"Nous allons être au rendez-vous ce samedi sur l’avenue Habib Bourguiba, symbole de la révolution (de 2011), pour réclamer le retrait d’un projet de loi qui instaure l’impunité et divise les Tunisiens, et pour défendre la liberté d’expression et le droit de manifester", a affirmé Maya Jribi, secrétaire générale du parti Al Joumhouri lors d’une conférence de presse mercredi.

Présenté en conseil des ministres mi-juillet, le projet de loi de "réconciliation économique et financière", qui prévoit l’amnistie de personnes poursuivies pour corruption en échange d’un remboursement et d’une pénalité financière, fait l’objet de vives critiques au sein de partis politiques et de la société civile.

Une manifestation contre ce projet de loi a eu lieu le 1er septembre à Tunis, avant d’être dispersée par la police.

Alors qu’un nouvel appel à manifester a été lancé pour samedi, le ministère de l’Intérieur a prévenu mardi que tout rassemblement de ce type était par définition illégal du fait de l’état d’urgence réintroduit après l’attaque jihadiste près de Sousse fin juin (38 morts).

"La manifestation de samedi n’est pas autorisée" et la "loi sera appliquée", a déclaré à l’AFP le chargé de communication du ministère, Walid Louguini.

Outre Al Joumhouri, les partis l’Alliance démocratique, le Mouvement démocratique, Ettakatol et Echaab ont également dénoncé cette interdiction de principe au nom de l’état d’urgence.

"Toutes les manifestations après la révolution ont été organisées alors que le pays était en état d’urgence. Nous tenons à manifester et nous n’allons pas permettre au ministère de l’Intérieur de nous faire taire", a lancé Zouhair Maghzaoui, secrétaire général du parti Echaab.

"On craint le retour de la répression de l’avant révolution", a renchéri Naziha Rjiba, opposante active sous le président déchu Zine El Abidine Ben Ali.

Le ministre de l’Intérieur Najem Gharsalli a réfuté ces accusations, assurant que "le but de l’application de cette loi n’a jamais été le retour à la dictature (…) ou la répression des libertés".

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