Mme Sanders a lu un communiqué de M. Trump dans lequel il justifie sa décision par "les risques que font courir la conduite et le comportement erratiques" de John Brennan.
"Historiquement, les anciens chefs du renseignement et des agences de sécurité étaient autorisés à conserver un accès aux informations classées secret défense", a-t-elle rappelé, en soulignant que cette tradition est désormais remise en cause.
"M. Brennan a des antécédents qui jettent un doute sur son objectivité et sa crédibilité", a assuré Mme Sanders.
Dans la soirée, citant l’auteur d’un nouveau livre assurant que Barack Obama a tenté de saboter sa campagne présidentielle, M. Trump a tweeté: "John Brennan est une tache sur le Pays, nous méritons mieux que cela".
M. Brennan a réagi en évoquant une décision "faisant partie d’une volonté plus large de supprimer la liberté d’expression et de punir les critiques", et en condamnant un "abus de pouvoir" du président américain.
"Si les habilitations secret défense venaient à devenir un outil politique entre les mains d’individus comme M. Trump, cela enverrait, je pense, un message très inquiétant aux membres actuels du gouvernement, peut-être aux anciens responsables qui bénéficient toujours de leur habilitation, ainsi qu’à la prochaine génération de professionnels du renseignement et de la sécurité nationale", a-t-il déclaré sur MSNBC.
Un sénateur démocrate, Mark Warner, a estimé qu’avec son annonce de mercredi, la Maison Blanche avait tenté d’opérer une diversion, le président étant empêtré dans une polémique déclenchée par une ancienne conseillère en relations publiques, Omarosa Manigault Newman, qui a dressé ces derniers jours le portrait acide d’un Donald Trump "raciste" et "misogyne".
Ce sénateur a évoqué une stratégie de "détournement de l’attention".
Patron de la CIA de 2013 à 2017, John Brennan avait éreinté Donald Trump après sa rencontre à Helsinki avec son homologue russe Vladimir Poutine, au cours de laquelle le président américain avait adopté une posture conciliante vis-à-vis du maître du Kremlin.
M. Brennan avait estimé que la "performance" de Donald Trump à Helsinki n’était "rien de moins qu’un acte de trahison". "Non seulement les propos de Trump étaient imbéciles, mais il est totalement dans les mains de Poutine", avait-il tweeté.
John Brennan a par ailleurs à de maintes reprises réaffirmé la réalité d’une ingérence russe dans l’élection présidentielle de 2016, réfutant les doutes avancés par M. Trump sur la question.
Sarah Sanders a précisé que M. Trump envisageait de retirer leur habilitation à d’autres anciens hauts fonctionnaires de l’ère Obama, dont l’ex-chef de la police fédérale (FBI) James Comey, devenu sa bête noire.
Elle avait d’ailleurs préparé le terrain le mois dernier, en affirmant que certains de ces hauts responsables avaient "politisé et, dans certains cas, monnayé leurs fonctions publiques et leurs habilitations secret défense".
Une même révocation pourrait être appliquée à James Clapper, directeur du renseignement jusqu’à début 2017, ainsi qu’à Michael Hayden, ex-patron de l’Agence nationale de sécurité (NSA) puis de la CIA.
Sont également menacés Susan Rice, qui était conseillère de Barack Obama pour la sécurité nationale, et Andrew McCabe, ancien adjoint puis directeur par intérim du FBI jusqu’en août 2017.
Tous ont ouvertement critiqué le président républicain depuis sa prise de fonctions en janvier 2017.
Dans un communiqué, James Comey a affirmé que les habilitations secret défense "ne devraient pas être utilisées comme des pions dans un jeu politique mesquin" et a qualifié M. Brennan de "fonctionnaire dévoué".