Tibéhirine: les familles des moines dénoncent une « confiscation des preuves »
L’avocat des familles des moines de Tibéhirine a dénoncé jeudi une « confiscation des preuves » par l’Algérie qui a refusé que le juge d’instruction français rentre en France avec les prélèvements réalisés sur les dépouilles des religieux assassinés en 1996.
Ce dernier s’est rendu la semaine dernière en Algérie avec une collègue, Nathalie Poux, où ils ont assisté à l’exhumation des crânes des religieux, enterrés sur le site du monastère de Tibéhirine.
Si Me Baudouin a reconnu une certaine "satisfaction d’avoir enfin pu avoir cette visite", il a déploré "une situation vraiment plus inadmissible que jamais".
"On est en train de nous priver des preuves qui ont été rassemblées", a insisté l’avocat des parties civiles. "Il y a une confiscation de ces preuves par les autorités algériennes et donc une poursuite du blocage et des entraves que nous avons constamment rencontrées au fil de l’évolution de ce dossier", a-t-il ajouté.
Selon lui, si ce blocage persiste "on pourra en déduire que c’est une sorte d’aveu, de reconnaissance d’une implication des services algériens".
La thèse officielle d’un crime perpétré par des islamistes a été remise en cause et l’enquête envisage aussi la piste d’une bavure de l’armée algérienne ou d’une manipulation des services militaires algériens pour discréditer le Groupe islamique armé (GIA) ou se débarrasser des moines.
Les expertises des crânes des moines, seules parties de leurs dépouilles retrouvées, avaient pour but de tenter d’éclairer les enquêteurs sur les conditions des assassinats, et notamment d’aider à établir si la décapitation a été réalisée avant ou après la mort des religieux. Une décapitation post-mortem pourrait accréditer la thèse d’une manipulation pour dissimuler les causes réelles de la mort et faire croire à l’implication des islamistes.