Syrie: des dirigeants de l’État islamique quittent leur «capitale» Raqqa

Des cadres de l’organisation terroriste ont commencé à fuir la ville syrienne, située à l’est d’Alep, devant l’avancée de l’alliance arabo-kurde soutenue par la coalition internationale, a annoncé vendredi le Pentagone.

S’il continue de commettre des attentats, comme jeudi en Irak et au Pakistan, l’État islamique perd du terrain sur le plan militaire. Après avoir cédé l’est de Mossoul fin janvier en Irak, les djihadistes semblent désormais en difficulté en Syrie. Devant l’avancée de l’alliance arabo-kurde, soutenue par la coalition internationale, de nombreux membres du Califat ont commencé à fuir Raqqa, le fief de l’EI à l’est d’Alep, a affirmé le Pentagone via un porte-parole, ce vendredi. Il ne s’agit pas de combattants mais de «beaucoup de leurs cadres et de hauts dirigeants», a précisé le département de la Défense. «Ils ont de toute évidence pris en compte le fait que leur fin est proche à Raqqa», a ajouté ce porte-parole, évoquant un retrait «très organisé, très ordonné».


«Isoler» Raqqa

Les forces démocratiques syriennes ont lancé une offensive le 6 novembre à Raqqa. Avec l’objectif, pour l’instant, «d’isoler» la ville syrienne, en coupant tous ses axes de communication vers l’extérieur. Pour le Pentagone, cet objectif est presque atteint. Selon l’armée américaine, les djihadistes ne disposent plus que d’une seule voie, au sud-est de la ville. Située le long de la rive nord de l’Euphrate, elle relie Raqqa à Deir Ezzor, a indiqué le capitaine Jeff Davis, restant flou sur la zone de repli des djihadistes. Les routes vers le Nord ou l’Ouest sont, quant à elles, bloquées par les forces démocratiques syriennes et, vers le Sud, par la destruction des ponts sur l’Euphrate, a détaillé ce militaire.

Si les opérations «d’isolement» de la ville ont bien progressé, la coalition n’a en revanche pas encore dévoilé son plan pour reprendre la cité. L’incertitude demeure notamment sur le rôle que jouera la composante kurde des forces démocratiques syriennes, les milices YPG, qui ont prouvé leur efficacité au combat mais qui sont considérées par la Turquie comme un groupe terroriste. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a, dans ce cadre, proposé à la coalition d’impliquer, à leur place, des forces turques. Le secrétaire américain à la Défense, James Mattis, a rencontré, jeudi, à Bruxelles, son homologue turc, Fikri Isik. Dans ce cadre également, le chef d’état-major inter-armées américain, Joe Dunford, devait rencontrer, vendredi, son homologue turc en Turquie.


Retour à la clandestinité?

Face aux offensives de la coalition, l’État islamique peine à faire face. Dans les prochains mois, le groupe terroriste pourrait changer de forme et se diriger vers un retour à la clandestinité. «La prochaine carte de l’EI pourrait être la retraite dans le désert. L’organisation est certaine de parvenir à survivre sous une forme altérée, davantage sous la forme d’une organisation terroriste traditionnelle. L’EI sera toujours en mesure d’exploiter le mécontentement sunnite et de fomenter des tensions sectaires pour les cinq à dix ans à venir en Irak, Syrie, Libye et potentiellement au-delà», écrivaient vingt experts internationaux dans un rapport intitulé La menace djihadiste et publié en décembre à Washington.

Et pour cause, dès cet été, Abou Mohammed al-Adnani, chef de la communication de l’EI expliquait dans une vidéo: «Oh, Amérique, penses-tu que perdre une ville ou des territoires signifie être vaincu? Avons-nous été vaincus quand nous avons perdu les villes en Irak et étions dans le désert? Et seriez-vous victorieux si nous perdions Mossoul, ou Syrte, ou Raqqa et toutes les autres villes et que nous devions revenir à notre condition initiale? Certainement pas!», clamait celui qui a été abattu par un drone américain en août. Selon ces experts internationaux, «le groupe peut et va revenir à la stratégie qui a été la sienne de 2007 à 2011», en redevenant une insurrection qui est parvenue à déstabiliser un pouvoir irakien incapable de gagner à sa cause les grands clans sunnites dans des régions entières.

(Afp)

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