Sarkozy : « Les gens qui descendent dans la rue sont les électeurs déçus de Hollande »
Dans une interview au « Monde », Nicolas Sarkozy expose les grandes lignes du programme qu’il veut porter en 2017, s’il gagne la présidentielle.
« Nous sommes l’un des pays d’Europe qui […] a le plus [de fonctionnaires], en proportion de sa population active, et le seul qui continue à augmenter leur nombre », déclare-t-il. Le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux (« sauf dans les services de sécurité compte tenu de la menace terroriste », précise-t-il) permettrait d’économiser près de 7 milliards d’euros sur le prochain quinquennat.
L’ancien chef de l’État allume le feu en indiquant qu’il souhaite à la fois augmenter la durée du temps de travail dans les administrations à… 37 heures hebdomadaires et revenir sur les régimes sociaux. « L’équité entre le public et le privé doit […] devenir la règle. Les conditions de calcul de la retraite doivent être les mêmes dans le public et le privé, c’est-à-dire calculées sur les 25 dernières années, et non sur les six derniers mois, en intégrant les primes », promet-il.
Acerbe sur la politique de François Hollande
« Quelle a été l’efficacité réelle des 60 000 recrutements à l’Éducation nationale qu’avait annoncés François Hollande en 2012 ? » s’interroge Nicolas Sarkozy. Parce que l’école est une priorité, le chef de file des Républicains annonce vouloir faire davantage travailler les enseignants : « 25 % d’heures de plus pour aider les élèves qui ont du mal à suivre », glisse-t-il. L’ex-président souhaite par ailleurs « créer deux voies d’accès à la fonction publique : « un statut de fonctionnaire modernisé pour les missions régaliennes, un recrutement avec un contrat de droit privé pour d’autres missions ».
Ne risque-t-il pas de susciter la grogne en annonçant ces mesures le jour même où les syndicats invitent les salariés à descendre dans la rue pour protester contre la réforme du Code du travail, actuellement en cours ? « En 1995, j’ai regretté que les textes aient été retirés. C’est d’ailleurs ce qui m’a conduit à ne jamais reculer sur une réforme quand j’étais président de la République, parce que lâcher sur une réforme, c’est lâcher sur toutes celles qui devaient suivre. En 2007, lors de la réforme des régimes spéciaux, il y a eu neuf jours de mobilisation, nous n’avons pas cédé. Et que dire de la réforme des retraites de 2010, qui a mis fin au symbole de la retraite à 60 ans : dix manifestations, dont la dernière avait rassemblé plus d’un million de personnes », réplique-t-il.
Moquant les divisions du PS sur la loi El Khomri, Nicolas Sarkozy dénonce « les mensonges de
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[François Hollande en] 2012. Tous les gens qui s’apprêtent à descendre dans la rue sont ses électeurs déçus. Mettons-nous à leur place. Il leur a promis une politique, il a fait le contraire. Ce qui lui arrive doit nous servir de leçon. De notre côté, il faudra tout dire avant pour tout faire après. »
À propos de NKM et Juppé
Sur la candidature de Nathalie Kosciusko-Morizet à la primaire, Nicolas Sarkozy se montre diplomate. « Elle fut mon ministre, c’est une femme de qualité, mais avec qui j’ai des divergences. C’est pour cela qu’elle n’est plus dans l’équipe dirigeante des Républicains. Mais je n’ai pas à juger de la légitimité de cette candidature de plus à la primaire », émet-il. Sur la multiplication des postulants à l’Élysée à droite, il précise : « Nous ne connaîtrons le nombre de candidats que le 9 septembre, quand ils auront tous déposé les parrainages nécessaires. Avant, ce ne sont pas des candidats à la primaire mais des candidats à la candidature. » Sur Alain Juppé, il ajoute : « Ce ne sont jamais les sondages qui font l’élection […], j’ai trop d’amitié pour Alain Juppé pour le cantonner dans le rôle du favori. »
Sur le conflit syrien
Pour régler le conflit syrien, Nicolas Sarkozy se montre favorable à une alliance des « deux coalitions [celle des Occidentaux et celle menée par les Russes] pour détruire l’État islamique ». Il dénonce les atermoiements de l’Europe et demande un accord avec la Turquie sur la question des réfugiés. « Je soutiens l’effort potentiel de l’Europe pour financer les hot spots en Turquie, mais je suis totalement opposé à la suppression des visas pour les quelques 80 millions de Turcs qui circuleraient alors librement dans l’espace Schengen », lâche-t-il. Tout en appelant à la refondation de Schengen. « Aujourd’hui, les frontières au sein de l’Europe se recouvrent de barbelés et même des pays comme la Suède ou la Belgique ferment leurs frontières. Schengen est mort et il n’existe aujourd’hui aucun projet pour le remplacer. » Selon lui, il faut réactiver l’axe franco-allemand. « Je suis stupéfait que M; Hollande ait laissé Mme Merkel négocier seule avec M. Erdogan. Jamais je n’aurais laissé faire cela », conclut-il.