Quand Sarkozy rencontrait en 2011 Bachir Saleh, l’intermédiaire de Kadhafi mis en cause dans les documents de Mediapart

On est le 2 juillet 2011, quatre mois avant la mort de Kadhafi. L’intervention militaire en Libye s’enlise: les troupes du Conseil National de Transition (CNT) s’avèrent moins efficaces que prévues, et celles de Kadhafi résistent bien. L’Elysée cherche alors une porte de sortie sous la forme d’une négociation avec Kadhafi, qui conduirait à son départ du pouvoir et à la formation d’un gouvernement de transition incluant les rebelles et une partie du régime en place.

Selon les informations révélées dans "Kadhafi, mort ou vif", un documentaire d’Antoine Vitkine qui sera diffusé sur France5 le 8 mai à 20h35, des contacts sont alors noués entre les proches de Kadhafi et la France. Nicolas Sarkozy reçoit en personne Bachir Saleh, à l’Elysée le 2 juillet. Saleh est le directeur de cabinet du dictateur libyen et il est proche de la France. Par son intermédiaire, le président français propose à Kadhafi l’exil et la vie sauve, si ce dernier cesse le combat. Kadhafi ne donnera finalement pas suite à la proposition.

Bachir Saleh se trouve aujourd’hui cité dans les documents révélés par Mediapart comme un des intermédiaires qui auraient négocié avec Brice Hortefeux et Ziad Takieddine le financement par Kadhafi de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy en 2007. Saleh se trouve aujourd’hui en France, sous protection policière. Selon les informations d’Antoine Vitkine, il aurait négocié son exil avec les Français juste avant la chute de Tripoli fin août 2011 et aurait été exfiltré. Dimanche, Bachir Saleh a émis "les plus expresses réserves sur l’authenticité de la note publiée par Mediapart".

Voici en primeur le passage de ce documentaire dans lequel Jean-David Levitte, conseiller diplomatique de Sarkozy, Henri Guaino, conseiller spécial du président, et Mahmoud Jibril, Premier ministre du CNT, racontent cet épisode:


Quand Sarkozy rencontrait Bachir Saleh… par LeHuffPost

Bachir Saleh est "protégé par la France", comme le relève Mediapart, alors qu’il faisait pourtant l’objet d’un mandat d’arrêt signalé par Interpol à la demande de Tripoli. Interpol a en effet publié une notice rouge, consultable sur internet, concernant un certain Bashir Al-Shrkawi, de nationalité libyenne, qui est recherché pour fraude par Tripoli. Joint par téléphone par l’AFP, l’avocat Me Ceccaldi a confirmé que M. Shrkawi était bien son client, Bachir Saleh.

François Fillon a indiqué lundi matin sur RTL qu’il ne disposait d’ "aucune trace d’un mandat international" visant ce proche du dictateur déchu. "Si naturellement il y avait un mandat international contre lui, la France le remettrait à la disposition de la justice après un échange avec le Niger qui est nécessaire compte tenu de son état de diplomate", a déclaré François Fillon. Affirmation qui n’est pas complètement fausse: les notices rouges sont l’un des moyens par lesquels Interpol informe ses pays membres qu’une demande d’arrestation et d’extradition a été délivrée par une autorité judiciaire à l’encontre d’une personne. Il ne s’agit pas de mandats d’arrêt internationaux, Interpol n’envoie pas de policiers arrêter la personne. Interpol respecte la souveraineté de chaque Etat, ainsi chaque membre est libre d’engager ou non les moyens pour procéder à l’interpellation si la personne recherchée se trouve sur son territoire.

Mais en revanche Bachir Saleh ne dispose d’aucune immunité, puisqu’il a rendu en mars son "passeport diplomatique du Niger", comme l’a fait savoir ce pays ce lundi après-midi. Il "a décidé lui-même de restituer le passeport diplomatique qui lui avait été donné", a indiqué une source au ministère libyen des Affaires étrangères. "Et à ma connaissance, il n’est pas au Niger", a-t-elle ajouté. Un haut responsable militaire nigérien, le colonel Djibou Tahirou, avait indiqué le 12 mars à Tripoli que le Niger avait, "sur le conseil et la pression d’un pays européen" non précisé, délivré un passeport à M. Saleh, avant de l’annuler.

(Le HuffPost )

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