Procès du TSE : le président brésilien esquive la balle et se maintient à la tête de l’Exécutif

Le Tribunal supérieur électoral (TSE) s’est prononcé, vendredi soir, contre l’invalidation du mandat du président conservateur Michel Temer en raison d’irrégularités financières dans la campagne électorale de 2014, à l’issue d’un vote des plus serrés.

En effet, trois des sept juges siégeant au TSE se sont prononcés en faveur de l’invalidation du ticket Dilma Rousseff-Michel Temer qui avait remporté les présidentielles de 2014 sur la base d’accusations de fraude électorale, tandis que trois autres se sont prononcés contre, avant que le président du tribunal, Gilmar Mendes ne fasse pencher la balance en faveur d’un non-lieu.

Dans son argumentaire, le juge Mendes, un ami de Michel Temer, a fait prévaloir la notion de "stabilité" du pays, en déclarant: "Nous ne devrions pas jouer à l’apprenti sorcier. Si vous voulez destituer un président, il ne faut pas profiter de certaines situations. Le tribunal n’est pas instrument".

Il a en outre relevé que le TSE n’est pas mandaté pour résoudre la crise politique, avant de souligner qu’"on ne remplace pas un président à tout bout de champ même si on le voulait. La Constitution renforce la souveraineté populaire, en dépit de la valeur de nos décisions".

Les juges Napoleao Maia Nunes Filho, Admar Gonzaga et Tarcisio Vieira de Carvalho Neto, qui se sont, eux aussi, prononcés en faveur de l’acquittement de la présidente destituée Dilma Roussef et de l’actuel président Michel Temer des accusations de financement illicite de la campagne électorale de 2014, ont estimé qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves pour annuler les résultats du dernier scrutin présidentiel.

Selon eux, les confessions d’anciens cadres du géant du BTP Odebrecht concernant des versements de fonds dans les caisses noires des partis politiques ne peuvent pas être prises en compte dans ce procès étant donné qu’elles ne figuraient pas dans la plainte initiale soumise en 2014 par le Parti de la social démocratie brésilienne (PSDB), parti d’Aecio Neves, candidat malheureux de ces élections présidentielles.

De l’autre coté de l’échiquier, le rapporteur du dossier Herman Benjamin et ses collègues Luiz Fux et Rosa Weber ont jugé qu’il y a bien eu des "abus de pouvoir économique, politique et fraude" lors de la campagne électorale à la lumière des preuves présentées au cours du procès.

Le non-lieu prononcé par la plus haute instance électorale du pays conforte quelque peu la position du président Michel Temer, dont la cote de popularité est tombée en dessous de 5 pc selon plusieurs sondages distribués en interne au niveau des organes gouvernementaux.

Une fois l’obstacle du TSE levé, le chef de l’Exécutif doit désormais faire face à une enquête pour obstruction à la justice, corruption et association illicite autorisée par le Tribunal Suprême Fédéral (STF) à la suite de la divulgation, vers la mi-mai, d’un enregistrement compromettant dans lequel le chef de l’Etat adoubait l’action d’un député de son parti, le PMDB (Parti du mouvement démocratique brésilien, au pouvoir) promettant d’acheter le silence d’Eduardo Cunha, l’ancien président de la Chambre des députés condamné à quinze ans de prison pour corruption.

Confiant de son acquittement, M.Temer, qui avait judicieusement placé ses deux alliés Admar Gonzaga et Tarcisio Vieira au TSE en avril et mai derniers, a refusé de répondre à une liste de 82 questions de la police fédérale sur le contenu de l’enregistrement fait à son insu par Joesley Batista, propriétaire de l’entreprise agroalimentaire JBS et corrupteur notoire.

Après avoir demandé un délai plus long pour répondre à ces questions qui lui avaient été remises lundi soir, M.Temer a fait volte-face, vendredi, et a refusé d’y répondre.

Ses avocats ont d’ailleurs demandé à ce que soit classée l’enquête pour corruption ouverte par le STF, en soulignant que le chef de l’Exécutif est victime d’une série d’abus et d’atteintes à ses droits individuels et à son statut.

Le sauvetage in-extrémis du mandat de M.Temer devant la justice électorale n’est que partie remise pour le président brésilien, qui doit affronter les accusations du STF et près de 13 demandes d’impeachment déposées au niveau du Congrès national.

Atlasinfo (avec map)

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