Paris: un Franco-algérien condamné à 14 ans de prison pour ses liens avec Al-Qaïda

Il était présenté par les services occidentaux comme un cadre historique d’Al-Qaïda: le Franco-Algérien Naamen Meziche, dit Abou Barae, a été condamné à 14 ans de réclusion jeudi à Paris pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle ».

La justice reproche à cet homme de 47 ans, en détention depuis octobre 2013, de s’être rendu en Afghanistan pour combattre au côté du groupe terroriste d’Oussama Ben Laden. Il aurait fait allégeance à l’organisation jihadiste, suivi des entraînements militaires et combattu avant d’intégrer une unité destinée à commettre des attentats en Europe.

Aux assises, l’avocate générale Maryvonne Caillibotte avait réclamé la peine maximale encourue, soit 20 ans de réclusion criminelle, pour "protéger la société", estimant ne pas avoir d’éléments pour affirmer que l’engagement jihadiste de l’accusé "n’était plus et ne serait plus jamais".

La magistrate a notamment pointé l’enseignement religieux, la formation aux armes et aux explosifs et l’apprentissage des techniques de communication sécurisées qu’il a reçus, notamment au camp Badr d’Al-Qaïda lors des trois années qu’il y a passées, de mars 2009 à mai 2012, dans la zone pakistano-afghane.

"L’accusé qui est dans le box n’est pas le diable, ni Al-Qaïda", avait plaidé son avocat, Nurettin Meseci, selon lequel Meziche "n’a jamais véritablement appartenu à l’organisation terroriste, ni eu de velléité jihadiste". "Ce n’est pas un méchant", avait-il déclaré, en évoquant un acquittement sans formellement le réclamer.

Né à Paris, Naamen Meziche a grandi à Constantine (Algérie) avant de rejoindre Hambourg où il a passé l’essentiel de sa vie.

En Allemagne, il a fréquentait la mosquée al-Qods où se retrouvaient des membres de la cellule dite de Hambourg, dont Mohamed Atta, un des auteurs des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis.

“Electron libre”

Peu avant les attentats, il a épousé la fille du prédicateur extrémiste de cette mosquée, Mohamed al-Fizazi, qui sera par la suite écroué au Maroc pour son rôle dans les attentats de Casablanca qui firent 45 victimes en 2003. Le couple est aujourd’hui séparé.

A l’audience, l’accusé a expliqué s’être rendu en Afghanistan pour repérer un lieu pour faire la "hijra" avec sa famille (émigration vers une terre d’islam) et s’être retrouvé "coincé", contraint de rejoindre Al-Qaïda pour avoir une chance de retourner en Allemagne, où il résidait. Il a nié avoir prêté allégeance à l’organisation et, s’il a reconnu avoir été armé, a affirmé ne pas avoir combattu.

"Mon client était un électron libre" qui a "donné le change" à Al-Qaïda en participant aux entrainements" car il se savait "épié" par le groupe qui redoutait "les espions", a expliqué Me Meseci.

Mais pour la représentante du ministère public, il est peu vraisemblable que l’accusé "ait pu pendant trois ans, vivre en marge d’Al-Qaïda, y être sans y être, adhérer sans y adhérer", avant de quitter le groupe sans qu’on lui demande des comptes.

Après huit mois de pérégrinations avec Younis al-Mauritani, un proche de Ben Laden et ancien chef des opérations extérieures d’Al-Qaïda chargé de planifier des attentats en Europe, Meziche affirme avoir quitté le groupe opérationnel qu’il avait monté parce qu’on voulait l’envoyer en Somalie et qu’il souhaitait, lui, rejoindre l’Iran, puis l’Allemagne.

Ce récit n’a pas convaincu l’avocate générale qui a rappelé qu’au moment de son arrestation au Pakistan en mai 2012, l’accusé se trouvait en compagnie de trois aspirants français au jihad.

L’avocat de Meziche a fait valoir que son client aurait pu, comme les trois autres jihadistes, être jugé en correctionnelle où il aurait encouru 10 ans de prison au maximum.

Brandissant un maigre dossier, il a dénoncé une enquête française inexistante fondée quasi exclusivement sur des rapports des justices allemande et algérienne.

Évoquant les témoignages accablants pour son client de deux jihadistes d’Al-Qaïda, Rami Makanesi et Ahmad Siddiqi, qui l’accompagnaient en Afghanistan et auditionnés en Allemagne avant son arrestation, l’avocat a estimé qu’il était "facile pour eux de charger un absent en se disant qu’il ne se fera pas prendre". (afp)

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite