Encadrés par un important dispositif policier, les fidèles, jeunes et vieux, exhibant crucifix, chapelets et drapeaux du Sacré coeur se sont regroupés à quelques pas du théâtre, place du Châtelet, en début d’après-midi, au moment où les spectateurs, après avoir été fouillés, entraient pour assister à la représentation.
"Messieurs les spectateurs, vous allez voir aujourd’hui un blasphème et nous sommes ici pour réparer les péchés que vous commettez", leur a lancé l’abbé Xavier Beauvais, de l’église traditionaliste parisienne Saint-Nicolas-du-Chardonnet.
"Nous ne sommes pas des méchants fondamentalistes, intégristes", "nous sommes des catholiques, fidèles à la foi catholique, qui venons manifester contre le blasphème", a-t-il martelé au micro, entre des prières chantées par les croyants agenouillés.
Le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France, a condamné samedi les agissements d’"un groupuscule qui se réclame de l’Eglise catholique sans aucun mandat" et qui "fait de la foi un argument de violence".
Depuis le 20 octobre, des fondamentalistes catholiques, dont des membres de Civitas, proche de la Fraternité Saint-Pie X fondée en 1970 par l’archevêque intégriste français Marcel Lefebvre excommunié en 1988 par le Vatican, et des jeunes catholiques du Renouveau français, protestent chaque jour devant le Théâtre de la Ville pour perturber le spectacle de l’Italien Romeo Castellucci intitulé "Sur le concept du visage du fils de Dieu".
Ils étaient entre 1.500 et 5.000, selon les estimations, samedi à manifester dans le centre de Paris.
Ces fondamentalistes jugent offensantes les dernières minutes de la pièce où un visage géant du Christ semble souillé par des excréments, écho de la souffrance des deux personnages, un vieillard incontinent et son fils qui le lave et le change.