Mohammed VI et le retour institutionnel à la famille africaine
La présence du Roi Mohammed VI en Ethiopie au moment où se tient le sommet de l’Union africaine qui devrait entériner le retour institutionnel à la famille africaine est un événement inédit.
Par Mustapha Tossa
Pour les chroniqueurs de l’actualité africaine, les sommets de l’organisation africaine sont coutumiers d’un anonymat médiatique chronique. Les enjeux ne dépassent que rarement des bisbilles locales et reflète régulièrement une incapacité chronique à apporter les thérapies adéquates aux multiples maux de l’Afrique, qu’il s’agisse d’un sous-développement chronique, de tensions ethniques ou d’une insécurité croissante. La famille africaine, profondément divisée, en perte de vitesse, peine à sortir la tête du goulot. Grâce au Maroc, ce sommet africain prend une dimension historique et attire toutes les lumières.
Ironie de l’histoire ou caprice des agendas impossibles à maîtriser ou à écrire, ce retour en grandes pompes du Maroc à l’Union africaine intervient à un moment crucial où le continent africain à de fortes chances d’être violemment impacté par la nouvelle politique africaine prônée par le nouveau maître de la Maison Blanche. Donald Trump et sa nouvelle équipe ont fait savoir que dans le cadre de l’application de leur cri de guerre devenu un incontournable credo politique "America First", de nombreuses politiques d’aides, d’assistance ou d’implications économiques ou sécuritaires américaines sur le continent risquent d’être remis en cause, voire simplement annulés. Ces choix augurent déjà de tensions inévitables ou du moins d’interrogations angoissées de la part d’acteurs africains habitués à végéter sous le régime de l’assistanat ou de l’interdépendance.
L’arrivée d’un pays comme le Royaume du Maroc qui défend bec et ongles le sacro-saint principe de la coopération Sud-Sud censée sortir le continent africain de sa dépendance. Un choix politique nourri par des projets économiques concrets et structurants. Dans sa besace, Outre sa précieuse position stratégique qui lui permet d’ouvrir le continent africain sur les différents marchés mondialisés, le Maroc apporte aussi à l’Afrique une manière de traiter avec le fait religieux dont la commanderie des croyants portée par le Roi Mohammed VI avait montré l’efficacité et le rayonnement.
Ce nouveau souffle et cette nouvelle dynamique que le Maroc entend insuffler à cette organisation africaine rencontre des enthousiasmes solides et quelques oppositions agressives menées par le duo Algérie/Afrique du Sud. Enjeu de cette équation, la présence au sein de cette organisation africaine de l’entité séparatiste du Polisario non reconnue par l’écrasante majorité des forums internationaux et dont le Maroc n’a cessé de dénoncer la présence illégale au sein de l’Union africaine.
Comme cela était politiquement prévisible, l’opposition au retour du Maroc à l’Union Africaine incarné par l’axe Alger/Pretoria fera appel à toutes les arguties administratives pour nourrir les blocages et tenter de s’opposer ou du moins ralentir cette inexorable marche de l’histoire. Il reste à savoir ce que feront les nombreux amis du Maroc au sein de cette Union pour paver le chemin à un retour gagnant et pourquoi pas triomphal du Maroc à l’Union Africaine.