La présidente du FN montre ainsi qu’elle est parvenue à «dédiaboliser» le parti fondé par son père, son principal objectif depuis 2002. Sans avoir pour autant renoncé à ses principaux fondamentaux, comme la «préférence nationale» rebaptisée aujourd’hui «priorité nationale».
«Elle a fait une très bonne campagne sur le retour à une politique nationale en faveur des Français d’abord, seule politique pour le redressement national. Je lui ai passé le relais», se félicitait dimanche son père, Jean-Marie Le Pen.
Marine Le Pen a également pris sa revanche contre le président Nicolas Sarkozy, arrivé en seconde position derrière le socialiste François Hollande, qui avait siphonné les voix du Front national en 2007. «J’ai fait exploser le monopole des deux partis de la banque, de la finance, des multinationales, du renoncement et de l’abandon», s’est réjoui la candidate FN, avant d’ajouter que "La bataille de France ne fait que commencer. Rien ne sera plus comme avant. (…) Il ne s’agit là que d’un début".
En position de force pour le second tour, Marine Le Pen a dit qu’elle se prononcerait le 1er Mai. Mais il y a fort à parier que celle qui se place déjà comme le "chef de l’opposition" à François Hollande ne choisira pas. Le numéro 2 de son parti, Louis Aliot, a déjà évoqué le "non choix" du second tour. Sans avoir la première place, elle fait plus de 25% dans une dizaine de départements : Vaucluse (27%), Aisne, Meuse, Corse-du-Sud, Pas-de-Calais, Haute-Marne, Aube, Haute-Saône, Oise.
Forte de son résultat, la présidente du FN peut espérer ramasser la mise aux élections législatives du juin à la tête d’un "Rassemblement Bleu Marine" susceptible d’attirer des élus UMP soucieux de sauver leur siège. Le FN table sur une centaine de triangulaires. Le FN compte donc présenter des candidats dans toutes les circonscriptions qu’il maintiendra partout en cas de triangulaires pour augmenter ses chances d’entrer avec plusieurs députés au Palais Bourbon. Ce serait une première depuis 1986, date à laquelle la proportionnelle instaurée par Mitterrand avait permis à 35 députés dont Jean-Marie Le Pen de se faire élire parlementaire.
"Plus il y aura de députés du FN, plus il y aura une opposition réelle à l’UMP et au PS", a expliqué lundi Louis Aliot pour qui "Le prochain président de la République n’aura que très peu de pouvoir pour gouverner et il lui faudra une majorité, ce seront les élections législatives qui la donneront".