Manifestation en hommage à la petite marocaine Sofia décédée à l’âge de sept mois

Après la marche silencieuse regroupant le 5 janvier à Lyon une centaine de personnes en hommage à la petite Sofia, décédée à l’âgé de 7 mois à l’hôpital Haute pierre de Strasbourg, vraisemblablement à cause d’une erreur médicale, la ville de Belfort-Montbéliard où réside les parents, a accueilli samedi 9 février 2013 une grande manifestation sous le signe ‘’solidaires avec les victimes des erreurs médicales’’. Les organisateurs ont lancé à l’occasion une pétition qui a reçu jusqu’à présent une centaine de milliers de signatures.

Décédée le 18 décembre 2012 après une opération de la valve mitrale, ses parents Houda Msaadi, d’origine marocaine, et David Cascales, dénoncent une erreur médicale. Ils ont déposé une plainte auprès du tribunal de Montbéliard. Pour eux, il ne fait aucun doute que le décès résulte d’une mauvaise prise en charge d’LVL Médical Grand Est et du centre hospitalier de Belfort-Montbéliard (CHBM). ‘’On est révolté. On ne comprend pas que son état se soit détérioré à ce point malgré tous nos efforts’’, confie Houda, très éprouvée à Atlasinfo.fr.

Opérée du cœur le 15 novembre à Strasbourg, elle regagne le domicile familial lundi 10 décembre, alimentée par sonde nasale. Les ennuis commencent mercredi lorsque le nourrisson tire sur la sonde et ne peut plus être nourri correctement. Houda appelle la société LVL Medical Grand Est qui lui conseille de partir aux urgences à Belfort. Mais les routes glissent et le père peine à obtenir une ambulance qui n’arrive pas, faute de bons de transport.
Il rappelle LVL mais aucune infirmière dans la petite ville de Seloncourt n’est capable de remettre la sonde. Il faudra attendre le milieu d’après-midi pour qu’une infirmière de Montbéliard vienne former ‘’très rapidement’’ deux de ses collègues de Seloncourt.
A 16 h, une diététicienne d’LVL arrive au domicile. ‘’Pourquoi ne mettez-vous pas la sonde vous-même ? ‘’, interroge-t-elle. Houda répond qu’elle n’a reçu aucune formation. Alors que le ton monte, la petite retire entièrement la sonde. Les deux infirmières formées deux heures plus tôt reviennent pour la remettre en place, avec difficulté. ‘’Sofia toussait. Une demi-heure plus tard, elle est devenue toute pâle, elle s’est mise à vomir, ses yeux se révulsaient’’, décrit-elle.

Appelés en renfort, les pompiers d’Hérimoncourt emmènent immédiatement l’enfant aux urgences pédiatriques de Belfort, en début de soirée. Sofia n’a pas mangé depuis le matin, elle est en hypoglycémie sévère. ‘’Les médecins n’arrivaient pas à trouver une veine pour la perfuser, ils en ont trouvé une dans la tempe mais ça n’a pas tenu’’, relate-t-elle. Le lendemain, tout s’enchaîne très vite. Les médecins font état d’œdèmes aux poumons. À 13 h, ils appellent le couple pour les prévenir que Sofia est en réanimation. David et Houda foncent à l’hôpital : ‘’Sur place on a compris que quelque chose de grave se passait’’. La petite doit en effet partir rapidement à Strasbourg mais faute d’hélicoptère et à cause du mauvais temps, le transfert est impossible. A 17 h, un médecin arrive de Strasbourg pour poser une perfusion osseuse censée alimenter le bébé qui doit absolument rejoindre l’hôpital Haute pierre. Sofia décédera cinq jours plus tard. Ses parents, qui n’ont plus aucune confiance dans l’hôpital, comptent entreprendre toutes les démarches pour que la lumière soit faite sur ce décès.

De leur côté l’hôpital mis en cause, le CHBM (centre hospitalier de Belfort-Montbéliard) et LVL Médical Grand Est se défendent. Dans un communiqué, l’hôpital explique qu’une perfusion a été posée le soir même de l’entrée de la petite fille aux urgences. La sonde était ‘’reliée à un système d’alarme permettant de constater son bon fonctionnement.
Gilbert Haby, directeur d’LVL Médical Grand Est, a déclaré pour sa part que ‘’notre personnel compte des gens formés et compétents. Dire qu’une infirmière ne sait pas poser une sonde revient à dire qu’un chirurgien ne sait pas opérer ! Nous sommes désolés de ce décès’’.