Le chef de l’Etat devait également trancher sur l’autre dossier délicat du moment, celui du prélèvement de l’impôt à la source, dont le sort sera annoncé par le Premier ministre Edouard Philippe au 20H00 de TF1.
La principale surprise a été l’annonce, dans la matinée, du départ de Laura Flessel, l’une des personnalités les plus populaires du gouvernement avec Nicolas Hulot. Elle a expliqué qu’elle partait pour "raisons personnelles". Dans l’après-midi, sa démission a été liée à une enquête ouverte sur sa "situation fiscale", comme l’a affirmé à l’AFP une source proche du dossier en confirmant des informations de Mediapart et du Canard enchaîné. Son entourage a démenti.
Laura Flessel a défendu son bilan lors de la passation de pouvoir avec Roxana Maracineanu, se disant "fière" notamment de "l’obtention puis la mise sur de bon rails" des jeux Olympiques de Paris-2024.
Ce troisième remaniement depuis le début du quinquennat s’est avéré plus limité que certains observateurs ne l’avaient prévu. Cela "illustre la logique d’Emmanuel Macron, pour lequel un remaniement n’est pas un jeu de chaises musicales et les ministres ne sont pas interchangeables", a-t-on indiqué dans l’entourage du président.
"Ce qui nous importe c’est de garder le cap fixé", a-t-on précisé à l’Elysée.
Aucun changement de politique n’est donc attendu alors que le chef de l’Etat doit faire face à une croissance moins solide que prévu et des difficultés à mettre en oeuvre les réformes annoncées.
Dans un contexte maussade, auquel s’ajoutent les suites de l’affaire Benalla, il enregistre une chute spectaculaire de dix points, avec seulement 31 % des Français qui approuvent son action, dans un sondage Ifop publié mardi pour Paris-Match et Sud Radio.
"Soyons disruptifs !"
Pour succéder à Nicolas Hulot, le choix de François de Rugy s’est "cristallisé" à la fin de la semaine dernière au milieu d’une dizaine d’autres spécialistes de l’Environnement comme Pascal Canfin, Ségolène Royal ou Chantal Jouanno.
Le président de l’Assemblée nationale est considéré comme une personnalité sûre pour l’exécutif. Agé de 44 ans, il avait rompu en août 2015 avec EELV avant de soutenir Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle et de s’encarter LREM.
Il "a été choisi car il est à la fois une personnalité politique dont l’engagement écologique est reconnu de longue date, qu’il a la stature d’homme d’Etat, et qu’il partage les convictions politiques, et en matière d’environnenment, du président", a-t-on fait valoir à l’Elysée.
En quittant son ministère, Nicolas Hulot, qui s’est entretenu avec Emmanuel Macron dans la matinée, a déclaré que sa démission était "un signal de mobilisation" face à "l’état d’urgence écologique". "Soyons disruptifs, soyons inventifs, soyons créatifs, soyons unis", a-t-il lancé, les larmes aux yeux.
François de Rugy lui a répondu en affirmant "son engagement" à mener "une politique de transformation", "pas de statu quo".
Mais l’eurodéputé EELV Yannick Jadot a mis en garde son ancien camarade sur Twitter: "Souhaitons-nous à tous qu’il résiste aux lobbies des pesticides, du nucléaire, de la chasse… Notre présent et notre avenir en dépendent !"
Le patron de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a raillé le "ministre des apparences écologiques". A droite, on dénonce "la cacophonie à tous les étages". "Les ministres populaires – Hulot, Flessel – s’en vont, des ministres-clés – Darmanin, Collomb – sont démonétisés", a déclaré à l’AFP le vice-président des Républicains (LR), Damien Abad.
De source parlementaire, la nomination de François de Rugy ouvre la voie à Richard Ferrand, patron des députés LREM, pour s’installer à la présidence de l’Assemblée nationale dès mercredi 12, à l’issue d’élections pour ce poste.
L’autre rendez-vous important de la journée à l’Élysée a porté sur l’avenir du prélèvement de l’impôt à la source et son entrée en vigueur au 1er janvier 2019.
Lors d’une réunion à l’Élysée avec Édouard Philippe et le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, le président Macron a "demandé des clarifications et identifié des améliorations possibles", selon l’Élysée.
Partisans et adversaires de la réforme se disputent sur les risques de bugs, son poids sur les entreprises mais aussi son impact psychologique sur les contribuables, qui verront leur salaire net diminué du fait du prélèvement.
La réforme est notamment combattue par le Medef, Les Républicains et La France Insoumise.