Macron sous une pression maximale !

Emmanuel Macron est en train de vivre une des séquences politiques les plus cruciales de son second mandat. Il est actuellement sous une double pression maximale, syndicale et politique. Et même s’il parvient à sauver son gouvernement de la motion de censure, le reste de son mandat ne ressemblera pas à un long fleuve tranquille.

Il faut dire qu’Emmanuel s’est créé sa propre séquence de tension. Il avait le choix entre soumettre le projet de réforme des retraites au vote du parlement, permettre à la représentation nationale de débattre et de voter et celui de castrateur du débat démocratique, avec le recours au fameux 49.3. Un article certes de la constitution mais à double tranchant dans des contextes politiques aussi effervescents.

Et l’actuel contexte français est des plus explosifs. De nombreuses semaines de contestations dans la rue sous le parapluie d’une inédite unanimité syndicale et une mobilisation  d’une opposition parlementaire très déterminées, y compris jusqu’aux rangs du parti des Républicains. Ces deux facteurs ont créé un climat où l’usage du 49.3 ressemblerait à jeter un bidon d’essence sur des braises incandescentes.

Et c’est exactement ce qu’Emmanuel Macron vient de faire. Et la question qui taraude les cénacles  parisiens est la suivante: Emmanuel Macron sait l’importance et les conséquences d’une telle décision, l’a-t-il fait sciemment en se préparant à un bras de fer syndical et politique d’une violence institutionnelle inouïe ? Ou pariait-il sur un désenchantement général et fatalisme des français qui finiraient par avoir raison de toutes les résistances ?

En tout cas, le président français est aujourd’hui dos au mur. Des syndicats remontés comme des pendules et qui risquent d’être débordés sur leur gauche et leur droite par des groupes de contestations plus radicaux, une opposition politique de gauche comme de droite en train de dénoncer la privation démocratique a laquelle s’est livré Emmanuel Macron à leur encontre.

Si la motion de censure n’est pas assurée sur le papier d’avoir une majorité absolue, étant donné que pour cela, il faut que la gauche, l’extrême droite et une grande partie des Républicains votent comme un seul homme, Emmanuel Macron n’est pas à l’abri d’un accident politique.

Ce qui milite pour un probable succès de cette motion est que son vote aura comme conséquence direct de faire invalider cette réforme des retraites adoptée à coup de 49.3.

Mais ce qui milite pour son échec se situe à un double niveau. Le premier est que l’adhésion des républicains n’est pas garantie et suffisamment massive pour faire pencher la balance en faveur de censure. Le second est qu’Emmanuel Macron  avait ouvertement menacé qu’en cas de succès de cette censure qui ferait tomber le gouvernement d’Élisabeth Borne, il procéderait immédiatement à la dissolution de l’Assemblée nationale et convoquerait des élections législatives anticipées.

Cette épée de Damoclès brandie sur la tête des parlementaires ferait hésiter beaucoup d’entre eux qui ne souhaiteraient pas revenir aux urnes, surtout ceux qui ne sont pas assurés de retrouver leur siège parlementaire.

Dans tous les cas, Emmanuel Macron ne sortira pas vainqueur de ce bras de fer avec les Français. Il a beau se dire qu’on ne se livre pas à des réformes de structures sans casser des œufs, sans larmes ni colères, il se trouve que tel que c’est parti dans l’opinion publique, la gouvernance Macron peut souffrir d’un manque d’adhésion des Français dans les années qui restent de son second mandat.

Avec ses obstacles, la question d’une gouvernance empêchée d’Emmanuel Macron est posée aujourd’hui avec beaucoup d’acuité. Son agenda réformiste pourrait être remis en cause, voire dévitalisé. Et s’il est affaibli en interne, sa prestation  à l’international pourrait en souffrir.

Ses  complications peuvent s’agréger avec énormément de gravité surtout que de part la constitution française, il ne peut prétendre à un troisième mandat. Conséquences immédiates et déjà perceptibles : des groupes politiques faisant traditionnellement partie de la majorité présidentielle peuvent être tentés de reprendre leurs liberté de ton et leurs marges de manœuvres.

Les chroniques politiques de la presse française regorgent d’échos où des hommes alliés d’Emmanuel Macron comme François Bayrou, patron du Modem et d’Édouard Phillipe patron du groupuscule Horizons, laissent pointer leurs aigreurs contre les choix d’Emmanuel Macron. Ils se positionnent par là comme de possibles alternatives au président. Cette tendance pourra s’accentuer dans un contexte politique de tensions et d’isolement de la gouvernance Macron .

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