Lutte contre l’EI: Kerry tente de convaincre l’allié turc récalcitrant

Le secrétaire d’Etat américain John Kerry tentait vendredi à Ankara de convaincre la Turquie de soutenir activement la lutte contre l’Etat islamique (EI), ce pays musulman, allié des Etats-Unis et membre de l’Otan, refusant toute participation militaire.

Le chef de la diplomatie américaine est en tournée au Moyen-Orient pour bâtir une coalition internationale destinée à "affaiblir" et à "détruire" l’EI en Irak et en Syrie, conformément à la stratégie dévoilée le 10 septembre par le président Barack Obama.

Mais la Turquie, voisine de l’Irak et de la Syrie, refuse une participation active aux opérations armées contre les ultra-radicaux sunnites que les Etats-Unis entendent poursuivre en Irak et étendre à la Syrie.

Ankara n’a pas signé jeudi à Jeddah, en Arabie saoudite, le communiqué commun de dix pays arabes et des Etats-Unis s’engageant à combattre ensemble l’EI, y compris "le cas échéant en participant à une campagne militaire coordonnée".

Ankara ne souhaite pas non plus permettre aux Américains d’utiliser sa base aérienne d’Incirlik (sud), proche de la frontière syrienne, pour des missions de combat, leur permettant uniquement de l’utiliser à des fins logistiques et humanitaires.

La Turquie redoute de mettre en péril la vie des 46 ressortissants que les jihadistes retiennent depuis juin à Mossoul, dans le nord de l’Irak.

"Apparemment, il y des sensibilités du côté turc que nous respectons", a commenté un diplomate américain interrogé sur le refus d’Ankara.

En privé, d’autres responsables américains minimisent les réticences turques, assurant que leur allié préfère agir en coulisses sur le dossier syrien, plutôt que de s’afficher dans une coalition antijihadistes.

John Kerry s’est entretenu avec son homologue turc Mevlüt Çavusoglu et a souligné à ses côtés que les Etats-Unis et la Turquie étaient "des partenaires importants, évidemment au sein de l’Otan, mais pas seulement", insistant sur la coopération "antiterroriste".

Le ministre truc s’est contenté d’évoquer "les défis et les menaces" que représentent "l’Irak et la Syrie". John Kerry s’est ensuite entretenu avec le président Recep Tayyip Erdogan puis le Premier ministre Ahmet Davutoglu.

Une source à la présidence turque, citée par l’agence de presse pro-gouvernementale Anatolie, a affirmé que la Turquie s’engagera aux côtés de la coalition anti-EI mais sans cependant recourir à l’option militaire.

"La Turquie et les Etats Unis continueront de lutter conjointement comme cela fut le cas dans le passé contre toutes les organisations terroristes dans la région", a précisé cette source qui a gardé l’anonymat.

"Les parties ont une nouvelle fois confirmé leur volonté de poursuivre à cet effet le partage de renseignements et d’approvisionner l’opposition syrienne sur le plan logistique et humanitaire", a insisté cette source, selon Anatolie.

Le secrétaire d’Etat doit s’exprimer dans la soirée devant la presse.

La Turquie, qui accueillie 1,2 million de déplacés syriens sur son sol, craint en outre qu’une opération militaire internationale n’augmente le flot de réfugiés et n’aggrave l’insécurité à la frontière turque fragilisée par des incidents réguliers.

A l’occasion de sa visite en Turquie, John Kerry a d’ailleurs annoncé dans un communiqué le versement de 500 millions de dollars supplémentaires d’aide humanitaire pour les victimes du conflit en Syrie. Les Etats-Unis ont ainsi alloué environ 2,9 milliards de dollars d’assistance humanitaire depuis 2011. Cette nouvelle enveloppe est la plus importante accordée par Washington.

M. Kerry se rendra samedi au Caire où il doit notamment s’entretenir avec le chef de la Ligue arabe Nabil al-Arabi. Il est attendu ce week-end à Paris où il participera lundi à une conférence internationale sur l’Irak.

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