L’UE s’interroge sur sa capacité à déployer une force en Libye

 L’Union européenne ambitionne de jouer un rôle pour faire respecter un cessez-le-feu en Libye si un accord de paix est conclu dimanche à Berlin, mais les moyens de nombreux Etats membres sont limités, ont souligné vendredi des diplomates à Bruxelles.

Le résultat de la conférence de Berlin sera le premier point à l’ordre du jour de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE lundi à Bruxelles.

« Si un cessez-le feu est conclu dimanche en Libye (lors de la conférence internationale organisée à Berlin), l’UE doit être prête à aider à mettre en oeuvre et à surveiller ce cessez-le-feu, éventuellement avec des soldats, dans le cadre d’une mission de l’UE », a déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell dans un entretien publié vendredi par l’hebdomadaire allemand Der Spiegel.

Il était beaucoup prudent devant le Parlement européen mardi.

« Nous devrons avoir au sein de l’UE un débat sur notre contribution pour faire respecter ce cessez-le feu et faire respecter l’embargo sur les armes, et, sincèrement, je ne sais pas qui va s’en charger », avait-il reconnu à Strasbourg, dans une allusion aux capacités limitées des Etats membres.

Un cessez-le-feu orchestré par Vladimir Poutine et le président turc Recep Tayyip Erdogan a été conclu le 12 janvier et il est pour l’instant respecté. L’objectif principal de la conférence internationale de Berlin vise à consolider la trêve et à empêcher des ingérences étrangères, notamment en interposant une force militaire.

« Un accord des parties libyennes et un mandat des Nations unies seront un préalable à toute action de l’UE », a précisé le représentant d’un Etat membre à Bruxelles.

Est-ce que l’Union européenne sera en mesure de fournir une telle contribution ? La question est déjà posée aux Etats membres et la réponse risque d’être négative, a confié vendredi un diplomate européen à l’AFP.

Beaucoup d’Etats membres ne sont plus en mesure d’engager des troupes ou, comme l’Allemagne, ont des réticences à le faire, a-t-il expliqué. Berlin refuse ainsi d’engager des forces spéciales au Mali « en raison du risque pour leur sécurité », a-t-il souligné.

Josep Borrell met en garde contre une solution militaire imposée en Libye. « En Syrie, une solution militaire a été imposée par la Turquie et la Russie et elle a changé équilibre dans la partie orientale de la Méditerranée. Nous ne pouvons pas accepter que la situation se reproduise en Libye », soutient-il.

« Je pense que personne ne sera ravi si nous avons un cordon de bases militaires russes et turques sur les côtes de la Libye en face de l’Italie », a-t-il expliqué.

La Turquie soutient militairement le gouvernement de Fayez al-Sarraj à Tripoli et la Russie, malgré ses dénégations, est soupçonnée d’appuyer l’homme fort de l’est de la Libye, le maréchal Khalifa Haftar, également soutenu par l’Egypte et les Emirats arabes unis.

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