La France a regretté mercredi la démission de l’émissaire de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé, et appelé à la désignation rapide d’un successeur pour éviter que cela ne complique le règlement du conflit dans ce pays.
« La France a appris avec regret l’annonce de la démission du représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour la Libye », a déclaré un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, saluant « la compétence et la conviction » avec lesquelles M. Salamé a conduit sa mission depuis juin 2017.
« Il y a une difficulté nouvelle qui vient d’apparaître (..) Il va falloir le remplacer et il vaudrait mieux le remplacer vite pour éviter qu’on perde l’esprit qui s’est manifesté à (la conférence internationale de) Berlin » en janvier, a renchéri le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, à l’Assemblée nationale.
Les principaux pays concernés par le conflit avaient alors promis de respecter l’embargo sur les armes et de ne plus interférer dans les affaires intérieures de la Libye, des engagements restés pour l’heure lettre morte.
« Il faut que nous répétions les uns et les autres partout le respect des accords de Berlin. Je le ferai à l’égard du maréchal Haftar que je vais rencontrer prochainement et du Gouvernement d’union nationale que je vais aussi rencontrer prochainement », a ajouté Jean-Yves Le Drian sans plus de précisions.
Ghassan Salamé a démissionné lundi pour des « raisons de santé », au moment où le processus politique dans ce pays, en proie à la guerre civile, est plus que jamais dans l’impasse.
Pendant près de trois ans, il a tenté en vain de convaincre les belligérants d’unifier les institutions de l’Etat et d’organiser des élections en vue de mettre fin aux divisions dans le pays.
« Nous saluons ses efforts en faveur d’un cessez-le-feu et du lancement d’un dialogue politique interlibyen sous l’égide des Nations unies », a relevé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
« La France souhaite que cette dynamique se poursuive et appelle l’ensemble des acteurs à s’engager en faveur d’un cessez-le-feu durable, d’un meilleur contrôle des ressources et d’un dialogue politique représentatif et inclusif », a-t-il ajouté. Elle réitère son « plein soutien aux efforts en ce sens du secrétaire général des Nations unies », Antonio Guterres.
Depuis 2015, deux autorités rivales se disputent le pouvoir en Libye: le Gouvernement d’union nationale (GNA), reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, et un pouvoir incarné par le maréchal Khalifa Haftar dans l’Est.
Ghassan Salamé a régulièrement dénoncé les ingérences étrangères en Libye qui compliquent le conflit dans le pays et rendent difficile toute solution politique.
Le GNA est soutenu par la Turquie et le Qatar, le maréchal Haftar par les Emirats arabes unis, la Russie, l’Egypte et l’Arabie saoudite. La France est aussi soupçonnée de soutenir en coulisses l’homme fort de l’Est libyen, ce qu’elle dément.
Paris dénonce régulièrement l’envoi d’armes et de mercenaires syriens par la Turquie en Libye en violation de l’embargo. « Les approvisionnements en armes continuent des deux côtés, avec une accélération chez le maréchal Haftar en février », constatait pour sa part Patrick Haimzadeh, ancien diplomate et chercheur indépendant, lors d’une audition le 26 février au Sénat.