Libye: l’ancien émissaire de l’ONU critiqué pour son nouveau poste

Le Parlement libyen non reconnu a mis en cause jeudi la crédibilité de l’ancien émissaire de l’ONU pour la Libye, Bernardino Leon, après sa nomination à un important poste aux Emirats arabes unis, considérés comme un acteur du conflit libyen.

Dans une lettre adressée au secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, le président du Congrès général national (CGN), Nouri Abousahmein, a réagi à l’embauche de l’Espagnol Bernardino Leon au poste de directeur général de l’Emirates Diplomatic Academy, basée à Abou Dhabi.

Cet établissement forme les futurs diplomates du pays et fait la promotion de la politique étrangère des Emirats, qui soutiennent les autorités rivales du CGN.

Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est plongée dans le chaos avec deux autorités politiques, Parlement et gouvernement, se disputant le pouvoir depuis 2014, l’une basée à Tripoli contrôlée par des milices y compris islamistes, et l’autre basée à Tobrouk (est) qui est la seule reconnue par la communauté internationale.

"La nomination (au poste aux Emirats) du principal médiateur auquel a été confiée une mission de médiation et de neutralité est une situation des plus équivoques", écrit . M. Leon "s’avère être extrêmement lié à un Etat qui se présente comme un acteur principal dans le conflit".

Le porte-parole des Nations unies Stéphane Dujarric a rendu hommage au diplomate espagnol, soulignant qu’il avait travaillé sans relâche pour parvenir à un accord de partage du pouvoir et que le Conseil de sécurité avait appuyé ses efforts.

"Le moment choisi pour l’annonce de cette nomination alors que l’on presse le peuple libyen d’entériner les propositions de ce médiateur, est un outrage à la mémoire des martyrs libyens et de leurs sacrifices", ajoute M. Abousahmein.

M. Abousahmein demande à M. Ban et au Conseil de sécurité "de fournir des éclaircissements" sur leurs positions concernant cette nomination "qui jette le doute sur la crédibilité de M. Leon en tant que chef de la mission des Nations unies pour la Libye (UNSMIL), mais également sur celle de la mission en général".

Au terme de près d’une année de négociations, M. Leon n’est pas parvenu à obtenir un gouvernement d’unité nationale. Il a été remplacé par le diplomate allemand Martin Kobler.

M. Leon doit prendre son nouveau poste à Abou Dhabi en décembre.

Il a affirmé jeudi à quelques journalistes devant le siège des Nations unies à New York que ses efforts de médiation n’étaient pas biaisés, tout en admettant qu’il aurait "peut-être pu faire les choses de façon différente".

Il a souligné qu’un accord politique était en bonne voie lorsqu’il a accepté son nouveau poste. "Je ne pense pas qu’il y ait un conflit d’intérêts. C’est principalement du travail académique", a-t-il relevé, peu après avoir présenté son rapport final sur la médiation en Libye devant le Conseil de sécurité.

M. Leon a ajouté qu’aucune remarque n’avait suivi son annonce en juillet qu’il comptait accepter ce poste à Abou Dhabi.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite