Les tensions en Méditerranée s’invitent au sommet des pays du sud de l’UE
Les vives tensions en Méditerranée orientale vont dominer les discussions au sommet des pays du sud de l’Union européenne qu’Emmanuel Macron préside jeudi en Corse, île française en Méditerranée.
Réunis quelques heures dans un hôtel de Porticcio, une station balnéaire de la baie d’Ajaccio, les dirigeants des sept pays membres du Med7 vont tenter d’accorder leur stratégie pour éviter une escalade de la crise opposant la Turquie à la Grèce.
Très impliqué dans le dossier, le président français en débattra avec les dirigeants italien Giuseppe Conte, espagnol Pedro Sanchez, grec Kyriakos Mitsotakis, portugais Antonio Costa, chypriote Nikos Anastasiades et maltais Robert Abela.
Il s’agit « de faire progresser le consensus sur la relation de l’UE avec la Turquie, en vue notamment du sommet européen des 24-25 septembre qui y sera consacré », à Bruxelles, a précisé le palais présidentiel de l’Élysée.
La Grèce et Chypre sont en première ligne face à la Turquie, qui revendique le droit d’exploiter des gisements d’hydrocarbures dans une zone maritime qu’Athènes estime relever de sa souveraineté.
Ces dernières semaines, ces pays ont montré leurs muscles à coups de déclarations martiales, de manœuvres militaires et d’envois de navires sur zones.
La France a clairement affiché son soutien à la Grèce en déployant des navires de guerre et des avions de combat dans la région, une initiative vivement dénoncée par le président turc Recep Tayyip Erdogan, déjà très remonté contre Paris.
La France appelle aujourd’hui à « une clarification » des relations avec la Turquie, « un partenaire important » avec lequel « il faut pouvoir travailler sur une base solide », selon la présidence.
Avant le début du sommet, Emmanuel Macron s’entretiendra en tête à tête avec le Premier ministre grec Mitsotakis et les deux hommes pourraient discuter de l’achat d’avions Rafale par Athènes, selon la presse grecque.
3e visite en Corse
C’est la septième fois que se réunit le Med7, un forum informel qui avait été lancé en 2016 dans un contexte de fracture entre les pays du nord de l’Europe et ceux du sud sur fond de la crise économique grecque.
Depuis, ces tensions nord-sud se sont apaisées au sein de l’UE mais les pays du Med7 ressentent la nécessité de mieux se coordonner face à des défis communs : les questions migratoires, la crise libyenne et les relations avec les pays de la rive sud de la Méditerranée.
Ils « partagent la même volonté d’impulser une nouvelle dynamique de coopération » dans cette région, « notamment sur les enjeux de développement durable et de souveraineté », selon l’Élysée.
Ils s’accordent aussi sur l’avenir de l’UE qu’ils veulent plus solidaire, et ont fait front commun en juillet face aux pays dits « frugaux », plutôt du nord, sur le plan de relance européen de 750 milliards d’euros.
Avant la réunion de Porticcio, le président Macron débutera mercredi en fin de journée sa troisième visite en Corse depuis le début du quinquennat. Il participera à une cérémonie célébrant l’anniversaire de la Libération d’Ajaccio, qui sera suivie d’un « dîner républicain » avec des élus. Jeudi matin, le président fera le point sur l’avancée de divers projets pour la Corse (eau, déchets…).
Même si le climat s’est nettement apaisé, les relations restent délicates entre le gouvernement et les nationalistes qui président le conseil exécutif et l’Assemblée de Corse. Ces derniers expriment régulièrement leur frustration de ne pas obtenir une autonomie plus large dans la gestion de l’île.