Les Murdoch père et fils s’expliquent devant une commission parlementaire
Une commission d’enquête parlementaire doit entendre Rupert et James Murdoch ainsi que Rebekah Brooks, l’ex-patronne de la branche britannique du groupe News Corp., ce mardi, dans l’affaire des écoutes téléphoniques du News of the World
Le chef du gouvernement a écourté un déplacement en Afrique et il devrait être de retour mardi soir à Londres afin de participer le lendemain à une séance extraordinaire à la Chambre les communes, dont les vacances ont été repoussées.
David Cameron, qui donnera une conférence de presse à Lagos, au Nigeria, à 12h00 GMT, est vivement critiqué pour l’embauche en 2007 d’Andy Coulson en tant que responsable de sa communication. Andy Coulson venait alors de démissionner de ses fonctions de rédacteur en chef de News of the World, le journal au coeur du scandale, en raison de la condamnation d’un journaliste du tabloïd pour le piratage de messageries téléphoniques.
Andy Coulson a quitté en janvier ses fonctions auprès de David Cameron, qui affronte sa plus grave crise depuis son arrivée au pouvoir en mai 2010.
Rupert et James Murdoch doivent se présenter devant une commission parlementaire sur les médias à 14h30 heure locale (13h30 GMT). Une heure plus tard, les députés doivent entendre Rebekah Brooks, ancienne rédactrice en chef de News of the World, qui a démissionné vendredi de la direction de News International, la branche britannique de News Corp, le groupe de Rupert Murdoch.
Ces auditions devraient être suivies par des millions de téléspectateurs en Grande-Bretagne, où le scandale a conduit à la démission les deux plus hauts responsables de Scotland Yard.
John Yates, chef des services antiterroristes, a quitté ses fonctions lundi moins de 24 heures après la démission du chef de la police britannique, Paul Stephenson. Les deux hommes paient leur proximité supposée avec des responsables des journaux de Rupert Murdoch et leur manque d’empressement à enquêter sur les écoutes téléphoniques imputées à News of the World.
Pas d’esprit de vengeance
News International a longtemps affirmé que ces écoutes illégales étaient le fait d’un journaliste isolé désireux d’obtenir des scoops. Cette ligne de défense paraît désormais totalement dépassée par les révélations en cascade sur l’étendue de cette pratique.
La commission parlementaire enquête depuis plus de quatre ans sur ces accusations d’écoutes illégales. Dans un rapport rendu en 2010, elle jugeait inconcevable que les responsables de News of the World ne soient pas au courant de ces pratiques.
L’indignation est générale en Grande-Bretagne mais Paul Farrelly, membre de la commission parlementaire, assure que les députés ne profiteront pas de l’occasion pour régler leurs comptes avec Rupert Murdoch, longtemps soupçonné d’exercer une influence considérable sur la vie politique britannique.
"Nous souhaitons rester calmes et respectueux du cadre légal. Ce ne sera pas un cirque, il ne s’agira pas d’amuser la galerie car nous devons absolument aller au fond des choses", a dit cet élu de l’opposition travailliste, ancien journaliste de Reuters.
"Nous voulons savoir qui savait quoi et quand, quelle était l’étendue de l’ensemble des pratiques illégales, dont les écoutes téléphoniques ne sont qu’une partie, et dans quelle mesure elles ont été couvertes", a-t-il ajouté.
En prélude à l’audition de Rupert et James Murdoch, Paul Stephenson et John Yates doivent être entendus mardi midi par la commission parlementaire des Affaires intérieures.
L’ampleur du scandale alimente les rumeurs sur un éventuel remplacement de Rupert Murdoch à la direction générale de son groupe au profit de Chase Carey. Un administrateur de News Corp a assuré lundi à Reuters que le conseil d’administration de News Corp soutenait pleinement Rupert Murdoch.
Un autre rebondissement est survenu lundi avec l’annonce du décès de Sean Hoare, un ancien journaliste de News of the World ayant affirmé au New York Times que la pratique des écoutes illégales était bien plus étendue que ne l’admettait le tabloïd.
La police a déclaré que cette mort était pour l’instant inexpliquée mais qu’elle ne la considérait pas comme suspecte.