Les ministres probables et possibles de François Hollande
Ils y pensent tous mais aucun n’en dit mot ouvertement. De nombreux scénarios s’échafaudent au Parti socialiste sur le gouvernement de François Hollande, élu dimanche président de la République.
Le député de Corrèze avait réaffirmé vendredi: "Personne ne sait, sauf moi, ce qui va arriver lundi si les Français me choisissent". A-t-il fait comme François Mitterrand en 1981, avertissant Pierre Mauroy de se préparer ? "Non", répond Hollande.
Deux "favoris" pour Matignon
Pour le poste de Premier ministre, deux personnalités sont en lice: Jean-Marc Ayrault, député-maire de Nantes, 62 ans, un fidèle, et Martine Aubry, 61 ans, Première secrétaire, ex-numéro deux du gouvernement Jospin. Ayrault "serait un choix de confort. Il a le bon profil. C’est un peu le Fillon de Hollande, il est germaniste, ça peut être utile avec Merkel", commente un socialiste. "Il ne va pas s’affaiblir en nommant un ancien Premier ministre ou ex-titulaire d’un gros ministère, lui qui n’a jamais exercé de fonction ministérielle. Le rêve français, ce sera Hollande, le technicien, ce sera Ayrault", poursuit-il.
Hollande/Aubry, la "cohabitation explosive"?
François Hollande a toujours dit que son choix dépendrait de l’ampleur de sa victoire. Il a prévu quinze grands pôles ministériels, plus des ministres délégués. Avec Martine Aubry, même si les relations notoirement mauvaises se sont beaucoup améliorées, ce serait une "cohabitation explosive du type Rocard-Mitterrand", commente un cacique socialiste. "Cependant, elle connaît parfaitement les rouages de l’Etat et saura rassembler, comme elle l’a fait au Parti socialiste". Mais elle ne connaît pas le Parlement.
Michel Sapin
Le fidèle Michel Sapin, un temps cité, paraît écarté pour Matignon. "Il faut une proximité, mais pas une trop grande", commente-t-on au PS. L’ancien ministre de l’Economie pourrait donc retrouver Bercy. Après, c’est "un peu le jeu des chaises musicales", poursuit cette source.
Affaires étrangères
Pierre Moscovici convoite le Quai d’Orsay. Mais Laurent Fabius aussi. Le directeur de campagne pourrait donc se retrouver à Bercy. Auquel cas, Michel Sapin pourrait devenir Garde des sceaux. Comme l’ami François Rebsamen, Manuel Valls, puissant directeur de la communication de la campagne, souhaite l’Intérieur, mais commente un autre responsable PS, "il ne l’aura pas, car ce poste trop sensible a été une rampe de lancement pour Sarkozy".
Présence féminine
Parité promise, plusieurs femmes entreront au gouvernement. Fréquemment citées : Marisol Touraine aux Affaires sociales, Najat Vallaud-Belkacem et Delphine Batho, deux des porte-parole, la députée Aurélie Filippetti, l’énarque conseillère référendaire à la Cour des comptes Fleur Pellerin, chargée de l’Economie numérique dans l’équipe de campagne, la conseillère des Bouches-du-Rhône Marie-Arlette Carlotti, la députée-maire de Rouen Valérie Fourneyron, la députée Michèle Delaunay, la sénatrice Nicole Bricq… On évoque également la royaliste Dominique Bertinotti, historienne, universitaire, maire du IVe arrondissement.
Autres ministères
A l’Agriculture, Stéphane Le Foll fait figure de favori. A la Défense, le président de la région Bretagne, Jean-Yves Le Drian, tient la corde. A l’Education, l’eurodéputé Vincent Peillon, agrégé de philosophie, semble "incontournable". Les noms des députés Claude Bartolone et Guillaume Garot sont également évoqués. Choix délicat pour Arnaud Montebourg, aux prises de position souvent tranchées. L’industrie avec la transition écologique? Pour l’environnement, le député Philippe Martin bénéficie d’une bonne image écologiste. Complication supplémentaire: il faudra intégrer les partis partenaires: le PRG de Jean-Michel Baylet, EELV de Cécile Duflot. Celle-ci est assurée d’avoir un porte-feuille ministériel.