Les Colombiens appelés dimanche à élire leur président dans un contexte de polarisation entre gauche et droite

Les Colombiens sont appelés dimanche aux urnes pour désigner leur nouveau président dans un contexte marqué par une forte polarisation entre gauche et droite.

Lors de ce scrutin, les 36.227.267 Colombiens inscrits sur les listes électorales doivent élire le futur locataire du Palais de Nariño qui sera appelé à présider aux destinées de ce pays sud-américain, qui tente de tourner, tant bien que mal, une page sombre de son histoire après un conflit armé fratricide de plus d’un demi-siècle.

Deux candidats sont en lice pour ce second tour, à savoir Ivan Duque, du Centre démocratique (CD, droite), et Gustavo Petro, du mouvement de gauche indépendante Colombie Humaine.

Dauphin de l’ancien président Alvaro Uribe (2002-2010), aussi populaire que controversé, Ivan Duque (41 ans) est donné vainqueur par tous les sondages avec des intentions de vote oscillant entre 45,3% et 55%.

Quant à l’ancien guérillero du M19 dissout, Gustavo Petro (58 ans), il est crédité de 34% à 36,4% des intentions de vote.

Diamétralement opposés, leurs programmes électoraux illustrent parfaitement la polarisation entre les deux camps notamment au sujet de la paix avec les guérillas.

Dans un pays traumatisé par plus d’un demi-siècle de violence armée, Ivan Duque, qui a entamé sa carrière politique en 2014 en devenant sénateur, séduit une bonne partie de l’électorat par son discours de fermeté axé sur la révision de l’accord de paix, signé en 2016, avec les anciennes FARC.

Tout en se défendant de vouloir abroger cet accord, il souligne toutefois sa volonté d’apporter des modifications à ce texte, à travers le durcissement des peines à l’encontre des anciens combattants coupables de crimes contre l’humanité et la révision de la participation des ex guérilleros à la vie politique.

"Il faut dire clairement que si une personne qui siège au Congrès est condamnée pour crimes contre l’humanité, elle doit céder sa place à une autre n’ayant aucun antécédent", a-t-il déclaré vendredi.

En vertu de l’accord de paix, les anciens membres de la guérilla des Farc, convertie en parti politique sous le même acronyme, ont droit à dix sièges au sein du Congrès (parlement) pour deux mandats consécutifs (2018-2022/2023-2026).

Duque veut également faire condamner les anciens guérilleros impliqués dans le narcotrafic.

Quant à la paix avec l’autre guérilla, l’Armée de libération nationale (ELN), le candidat de la droite conditionne l’ouverture du dialogue avec ce groupe rebelle à sa démobilisation et son désarmement, sous supervision internationale.

Il prévoit en échange des réductions de peines au profit des guérilleros de ce groupe armé, coupables de crimes lors du conflit armé.

En revanche, Petro souligne son attachement à l’accord de paix signé avec les Farc, réaffirmant qu’il sera mis en œuvre tel qu’il a été approuvé par le Congrès. Il se dit également favorable au dialogue avec l’ELN, après l’instauration d’un cessez-le-feu sous supervision internationale.

Le candidat de la droite n’a cessé depuis le début de la campagne électorale de brandir la menace du "castro-chavisme" pour tenter de dissuader les électeurs de voter pour son rival de gauche.

Ayant longtemps manifesté sa sympathie pour la révolution bolivarienne d’Hugo Chavez, Petro a pris par la suite ses distances avec le défunt leader vénézuélien.

En dépit du fait qu’il a qualifié dernièrement le chef du régime chaviste, Nicolas Maduro, de "dictateur", la droite l’accuse toujours, mais sans preuve, d’être proche du président vénézuélien.

Le programme de cet ancien maire de Bogotá, basé sur la justice sociale, suscite la crainte d’une partie des Colombiens. Il promet, entre autres, d’exproprier les "latifundistas", grands propriétaires terriens, et de réformer le système de santé.

Pour ce second tour, M. Duque a reçu le soutien des partis Libéral et Conservateur, ainsi que de Cambio radical et certains secteurs du Parti social d’unité national, connu sous l’appellation du Parti de la U.

Quant à son rival de gauche, il bénéficie du soutien du Parti de gauche Alliance démocratique alternative (ADP) et de plusieurs secteurs de l’Alliance verte.

Toutefois, aucune consigne de vote n’a été donné par les principaux candidats ayant pris part au premier tour du scrutin.

Sergio Fajardo, candidat malheureux de Coalition Colombie (centre-gauche) qui s’est classé 3è avec plus de 4,5 millions de suffrages (23,73%), a annoncé qu’il votera blanc renvoyant dos à dos les deux prétendants à la magistrature suprême.

Si les sondages se réalisent, Ivan Duque serait le premier président le plus jeune dans l’histoire moderne de la Colombie.

Ces élections seront suivies par des observateurs internationaux issus de plusieurs organisations comme l’Union européenne (UE), le Parlement du Marché commun du Sud (Mercosur) ou l’Organisation des Etats américains (OEA).

La guérilla de l’ELN a décrété une trêve unilatérale à l’occasion de ce scrutin, alors que le gouvernement a annoncé la fermeture provisoire des frontières terrestres et fluviales avec les pays de la région.

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