Les Chypriotes-turcs élisent leur dirigeant
Les habitants de l’autoproclamée République turque de Chypre-Nord (RTCN) ont commencé à voter dimanche pour élire leur dirigeant, trois jours après la réouverture controversée de Varosha, ville-fantôme bouclée par l’armée turque et emblématique de la division de l’île méditerranéenne.
Les 738 bureaux de vote ont ouvert à 08H00 (05H00 GMT) et doivent fermer à 18H00 (15H00 GMT). Des électeurs, masqués et parfois munis de leurs propres gants, ont commencé à voter dans une école de Nicosie-Nord, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Quelque 198.867 personnes sont inscrites sur les listes électorales de la RTCN — établie sur le tiers nord de l’île méditerranéenne occupé depuis 1974 par la Turquie en réaction à un coup d’Etat pour rattacher Chypre à la Grèce.
Ce scrutin intervient dans un contexte de tensions en Méditerranée orientale autour de l’exploitation d’hydrocarbures entre Ankara — seule à reconnaître la RTCN — et Athènes — principal allié de la République de Chypre qui exerce son autorité sur les deux tiers sud de l’île et est membre de l’Union européenne depuis 2004.
Onze candidats sont en lice, dont le « président » sortant, favori dans les sondages, Mustafa Akinci, un social-démocrate de 72 ans partisan de la réunification de l’île et d’un desserrement des liens avec Ankara, ce qui lui vaut l’hostilité du président turc Recep Tayyip Erdogan.
Les négociations pour une réunification de l’île divisée ont achoppé au cours de son mandat notamment sur la question du retrait des dizaines de milliers de soldats turcs présents en RTCN.
La Turquie soutient le nationaliste Ersin Tatar, 60 ans, actuellement « Premier ministre » du gouvernement auquel revient une grande partie des pouvoirs exécutifs en RTCN.
M. Erdogan a annoncé mardi, en compagnie de M. Tatar, la réouverture partielle de la ville-fantôme de Varosha (est), abandonnée par ses habitants chypriotes-grecs après l’invasion turque.
Une décision condamnée par M. Akinci et d’autres candidats, qui y ont vu une ingérence turque dans l’élection, mais aussi par la République de Chypre, l’Union européenne et les Nations unies, qui surveillent la zone tampon entre les deux parties de l’île et dont une résolution exige le transfert de Varosha sous administration onusienne.
L’élection « présidentielle » a aussi lieu dans un contexte de crise économique, amplifiée par la pandémie de Covid-19 qui a entraîné la fermeture de l’aéroport d’Ercan et des points de passage vers le sud de l’île, rendant d’autant plus compliquée toute velléité d’indépendance vis-à-vis de la Turquie, dont la RTCN dépend économiquement.
Si aucun des candidats n’obtient 50% des voix, les deux premiers s’affronteront lors d’un second tour le 18 octobre.