Le Pacte mondial sur les migrations fait voler en éclats la coalition gouvernementale belge

Le refus du parti nationaliste flamand (NVA) de soutenir la décision du gouvernement belge d’adopter le Pacte mondial sur les migrations a provoqué, samedi soir, une crise politique inédite dans le pays, poussant le Premier ministre, Charles Michel à remercier les ministres de ce parti au sein de la coalition gouvernementale.

"Nous prenons acte ce soir que la N-VA quitte la majorité suédoise (NDLR : coalition gouvernementale) et j’irai demain à Marrakech pour transmettre le soutien du gouvernement et du Parlement de la Belgique au Pacte mondial sur les migrations», a affirmé M. Michel lors d’une conférence de presse.

"Je veux remercier les ministres et secrétaires d’Etat N-VA pour tout le gigantesque travail qui a été mené durant ces 4 années dans l’intérêt général de la Belgique", a-t-il déclaré.

M. Michel avait tenu auparavant un Conseil de ministres de la dernière chance pour convaincre ces membres du gouvernement de le soutenir, mais ces derniers ont préféré sortir de ce Conseil quelques ministres après le début de la réunion. Cette crise politique était latente depuis quelques jours quand le Premier ministre avait fait état, mardi dernier, d’un désaccord au sein de son gouvernement au sujet de la participation de la Belgique à la conférence de Marrakech et avait décidé de faire appel au soutien du Parlement à sa décision.

"Le Parlement est la maison de la démocratie et je suis convaincu que le moment est venu de demander au Parlement de prendre une décision. Et j’ai l’intention d’aller à Marrakech pour communiquer la décision qui sera prise par le Parlement. Il est de ma responsabilité de veiller à la crédibilité de la Belgique sur le plan international", avait-il expliqué.

En réponse à la sollicitation de M. Michel, le Parlement belge avait adopté, jeudi, une résolution en soutien au gouvernement sur ce pacte, qui avait pourtant fait l’objet en juillet dernier d’un consensus au sein de l’exécutif belge avant que la N-VA ne se rétracte à la veille de la conférence de Marrakech sous l’influence d’autres pays de l’UE qui ont adopté une position hostile au Pacte.

Le Premier ministre belge a également annoncé lors de sa conférence de presse qu’il proposera la désignation de secrétaires d’Etat en remplacement des ministres N-VA, ainsi que des consultations politiques dès son retour de Marrakech.

La N-VA comptait trois ministres et deux secrétaires d’Etat dont Theo Francken, chargé de l’Asile et la Migration, connu pour ses sorties médiatiques hostiles à l’accueil des migrants en Belgique.

La crise politique belge a été largement commentée par l’opposition qui y voit une victoire du Parlement et une occasion de redéfinir les choix politiques du pays.

Pour le président du parti Défi, Olivier Maingain, « la N-VA mise hors-jeu est une nouvelle victoire pour le parlement", notant qu’ «il a fallu la ténacité de l’opposition pour révéler la vraie nature de ce parti et forcer Charles Michel à renoncer à son alliance néfaste pour nos citoyens et déstabilisante pour notre pays".

Le chef du Parti socialiste, Elio Di Rupo a, pour sa part, considéré "la chute du gouvernement MR N-VA a le mérite de faire cesser sa politique anti-sociale et anti-démocratique".

Cette situation "signe l’espoir d’un nouveau pacte social pour les citoyens", a ajouté M. Di Rupo cité par l’agence Belga.

Le parti Ecolo relève de son côté que "des questions sociales aux questions climatiques en passant par les questions migratoires, tout est à faire et reconstruire", alors que le parti démocrate humaniste (CDH) considère dit avoir «prédit ce scénario il y a quatre ans et demi en refusant de rentrer dans ce gouvernement anti-Belge".

Le CDH réclame «une vraie ambition» pour les citoyens, et des mesures pour leur "bien-être: soins de santé, énergie, pouvoir d’achat des familles et des classes moyennes".

La sortie de la N-VA n’a pas laissé sans réaction non plus les autres composantes du gouvernement.

Pour le chef du groupe MR, parti du Premier ministre, David Clarinval, "les engagements pris aux Nations Unies seront respectés par le Premier ministre. Le MR regrette que la N-VA n’a pas changé de stratégie".

Le président du CD&V Wouter Beke, qui compte trois ministres au gouvernement Michel , a affirmé à son tour que la Belgique «ne peut échapper à ses responsabilités de demain en les évitant aujourd’hui », ajoutant "Il est désormais temps de se concentrer sur d’autres dossiers. La qualité de vie et la protection" des citoyens.

Quant à la présidente de l’Open Vld, qui dispose de deux ministres et un secrétaire d’Etat au gouvernement, Gwendolyn Rutten, "une politique migratoire forte et humaine a besoin de collaboration internationale", ajoutant qu’il faut s’attaquer maintenant «à d’autres défis. Sans perdre de temps".

A six mois de la fin de la législature, le gouvernement belge se voit ainsi réduit à une coalition à trois partis, dite « Orange-bleue ». Les deux secrétaires d’État restants, Philippe De Backer (Open Vld) et Pieter De Crem (CD&V) devraient devenir ministres.

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