Le fondateur des prothèses mammaires PIP recherché par Interpol

Le fondateur des prothèses mammaires PIP recherché par Interpol
Les autorités françaises ont recommandé vendredi à 30.000 femmes de se faire retirer leurs prothèses mammaires de marque PIP, implants français vendus dans 65 pays et interdits en Amérique du Sud, après que des cas de cancers ont été signalés chez huit d’entre elles, sans qu’un lien de causalité n’ait été cependant établi.

L’organisation policière internationale Interpol a indiqué vendredi sur son site avoir émis une "notice rouge" pour demander à ses pays membres l’arrestation de Jean-Claude Mas, le fondateur de la société PIP (Poly Implant Prothèse), de 72 ans, recherché par le Costa Rica pour des atteintes à "la vie et la santé".

Les autorités françaises "à titre préventif et sans caractère d’urgence souhaitent que l’explantation des prothèses, même sans signe clinique de détérioration de l’implant, soit proposée aux femmes concernées", a annoncé le ministère de la Santé dans un communiqué.

Les experts de l’Institut national du cancer (INCa) avaient rendu jeudi soir leurs conclusions au gouvernement français. Il "n’y a pas à ce jour de risque accru de cancer chez les femmes porteuses de prothèses de marque PIP en comparaison aux autres prothèses", estiment-ils, alors que huit cas de cancers ont été signalé en France chez des femmes en ayant eu.

Les autorités sanitaires mettent en avant en revanche des "risques bien établis" de "ruptures" et "le pouvoir irritant du gel pouvant générer des réactions inflammatoires".

Environ 30.000 femmes en France se sont fait implanter des prothèses mammaires de cette marque, dont certaines sont remplies d’un gel de silicone non médical, qui entraîne des risques accrus de fuite et de rupture.

Le coût maximal pour la Sécurité sociale des opérations de retrait des prothèses est estimé à une soixantaine de millions d’euros, selon François Godineau, chef de service de la Direction de la sécurité sociale.

Cette estimation inclut le coût des interventions de retrait et du remplacement par des nouveaux implants, lorsqu’il s’agit de reconstruction mammaire après un cancer, a précisé M. Godineau.

2.000 femmes ont porté plainte en France.

Avant la liquidation de l’entreprise, en mars 2010, les ventes à l’exportation de PIP, qui produisait environ 100.000 prothèses par an, représentaient 84% de son activité.

PIP réalisait plus de 50% de ses ventes à l’exportation en Amérique du Sud où les implants mammaires sont largement répandus y compris chez les adolescentes qui se les font offrir comme cadeau pour leur quinzième anniversaire, censé marquér leur passage à l’âge adulte.

Quelque 100.000 opérations de chirurgie mammaire sont pratiquées chaque année au Brésil et 40.000 au Venezuela.

Cependant, dès 2010 et l’alerte des autorités françaises contre un processus de fabrication non conforme, le Chili, le Venezuela, la Colombie puis le Brésil, avaient ordonné le retrait des prothèses PIP du marché.

En Colombie 14.858 femmes portent des prothèses mammaires PIP a indiqué vendredi à l’AFP l’Institut national de surveillance des médicaments (Invima) qui en octobre 2010 en avait interdit la commercialisation en invitant les utilisatrices à les retirer en cas de rupture.

Le président de la Société colombienne de chirurgie esthétique, Juan Santamaria, a précisé à l’AFP qu’aucun système d’assurance ne couvrirait les patientes souhaitant retirer les prothèses et que les "médecins pourraient à titre individuel renoncer à leurs honoraires". L’opération coûterait, selon lui, au moins 750 dollars, hors honoraires.

"Ca va créer un problème de santé gigantesque au niveau mondial. Je ne sais pas s’il s’est agi d’un défaut de règlementation en France ou d’un fabricant malhonnête mais je crois que l’OMC (Organisation mondiale de la santé) va devoir se prononcer sur la responsabilité du gouvernement français", a-t-il ajouté.

Au Royaume-Uni, l’agence de surveillance des produits médicaux estime entre 40.000 et 50.000 le nombre de porteuses d’implants de cette marque. Elle a jugé mercredi qu’il n’y avait pas de preuve d’un lien entre prothèses et cancer justifiant qu’on demande aux femmes de se les faire retirer et les a appellées à "ne pas paniquer".

Plus de 250 Britanniques ont cependant déjà porté plainte contre plusieurs cliniques qui ont procédé à la pose de ces implants.

De son cô té, l’agence belge prô ne un examen systématique des femmes porteuses de ces prothèses et leur retrait en cas de problèmes.

En Allemagne, l’Institut fédéral pour les produits médicaux (BfArM) sous la tutelle du ministère de la Santé, n’a pas lancé de recommandation générale, les autorités privilégiant une évaluation du risque au cas par cas.

Le gouvernement espagnol, qui a interdit les prothèses PIP depuis mars 2010, conseille aux femmes opérées de vérifier si elles portent ce type d’implants. Certaines des femmes concernées, rassemblées sous le nom d’"afectadas por protesis pip", réclament aux autorités le remboursement de l’explantation.

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